REPAS DOMINICAL — BIANCHI & co

— I’ll be back before dinner, good afternoon, loves ! La porte claque. La brise printanière la saisi avant qu’elle ait le temps de faire trois pas. Elle regrette immédiatement son choix de tenue : robe fleurie aux manches longues, laquelle dévoile son cou et ses mollets, qui souffrent déjà de la morsure du froid. A mesure qu’elle progresse vers la demeure familiale, elle espère pouvoir y trouver un vieux gilet à passer sur ses épaules. Des repas de ce genre, Vita en a connu des dizaines, voire des centaines. Ils rayonnent de cette atmosphère solaire. Chez les Bianchi, le cœur est toujours à la fête. Toute occasion est bonne pour réunir la famille au complet. Il n’est d’ailleurs plus questions depuis plusieurs décennies de trouver la moindre excuse. Ce genre de repas, desquels Vita s’est quelque peu absentée, représentent aussi l’occasion de faire le point. Non sur l’entreprise familiale, gérée d’une main de fer par le paternel Orsini. Mais sur la famiglia. Véritable conseil de famille, le repas des Bianchi, auquel si peu d'estranei parviennent à accéder, représente toujours un moment ambivalent. Entre retrouvailles heureuses et règlements de comptes houleux. Chez les italiens, on ne fait pas dans la demi-mesure. Vita arrive quelques minutes avant le début des festivités. Alors que la maison de son enfance est encore calme et imprégnée des exhalaisons d’un repas préparé de la main d’une véritable mamma. Pas question, pour l’hôte du jour, d’accepter la moindre aide. Y compris de Vita, pourtant sa propre fille, qui aurait largement préféré se cacher derrière les fourneaux, en compagnie de sa mère, source de calme salvateur. Éternelle protectrice de l’aînée des Orsini. Ce n’est pas sa mère que l’italienne croise cependant en premier. Ce sont son père, et sa sœur, qui, comme à leur habitude, sont plus ravissants que jamais. Éternelle compétition entre chacun du père et des jumelles, véritables champions en matière d’allures à couper le souffle. — Ciao, sorellina… Vita se tient à distance de sa sœur, mais s’approche de son père auquel elle offre une étreinte des plus courtes. — Papà. Les Orsini ne sont pas des plus tactiles, ni des plus chaleureux. Pas physiquement, en tout cas. Et puis, quelque chose s’est brisé, un jour, sans qu’aucun n’en ait véritablement conscience. Quelque chose qui les distancie indéniablement de l’aînée, qui s’engage vers la cuisine, dont s’extraie l’odeur des plats de son enfance. — Si tout est prêt, je vais prêter main forte à mamma. Elle lâche, un sourire de circonstance aux lèvres, désireuse de rejoindre le calme de la cuisine avant l’arrivée des convives.