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Neva & Aglaé

Scream to evacuate

« Et puis, c'est pas grave de ne pas aller bien. T'as le droit, tu sais. T'as le droit de pleurer sans raisons, alors qu'en apparence tout va bien. T'as le droit de vouloir tout envoyer valser, devant les journées que tu essaies de rendre parfaites. C'est même un devoir d'être triste, car ton corps et ton coeur s'expriment. Laisse-les faire bordel. Après tout, c'est eux qui te mènent. »

Non, non, non. Ce n'est pas réel. Non. Réveilles-toi putain Aglaé. Ton subconscient te supplies de sortir de ce mauvais rêve. Mais tu n'y arrives pas. Ton corps tout entier tremble sous ta couverture. Tu gémis. Tu te crispes. Tu te sens mal. Encore une nuit à cauchemarder. A croire que toutes les nuits se ressemblent, d'une manière ou d'une autre. Soit tu n'arrives pas à trouver le sommeil, soit tu le trouves, mais il est tellement agité que finalement, c'est comme si tu n'avais pas dormi. Tu n'en peux plus de toute cette situation. A des moments, tu aurais envie de dormir, et de ne plus te réveiller, ou du moins, pendant un certain temps. Juste pour te reposer un peu, et que ta tête puisse arrêter de cogiter. Voilà que tu te réveilles. En balançant ta couverture à l'autre bout du lit, prenant une grande inspiration, comme si tu étais entrain de te noyer et que tu parvenais enfin à retrouver la surface, et récupérer une bouffée d'oxygène. T'es moite. T'as chaud. Tu te sens mal. T'as envie de pleurer. Tu les sens monter les larmes. Mais, déjà que tu espères ne pas avoir réveillé Daphnis avec le cri que tu as poussé, alors si en plus elle venait à te choper en larmes. Non. Tu ne préfères pas y penser. Tu attrapes ton téléphone, il affiche cinq heures du matin. Tu n'as plus vraiment envie de te rendormir, tu n'as pas encore envie de te replonger dans ce cauchemar. Tout ce que tu as envie de faire, c'est d'aller courir. Sur la plage. Te retrouver seule. C'est donc ce que tu vas faire, mais avant une petite douche s'impose avec cette transpiration qui te colle à la peau.
Tu prends ta voiture pour te rendre sur le parking de la plage. Il fait encore nuit. Il fait frais aussi. Mais ce n'est pas grave, puisque tu vas courir. Tu enfiles tes écouteurs et regagnes les sables. La lune éclaire l'horizon. Tu allumes la musique avec l'aide de ton téléphone, et tu te mets alors à courir. Parfois, tu te tapes des sprints, parce que t'en ressens le besoin. T'es tellement mal ces derniers temps. Tu n'as pas l'impression que ça s'arrange avec le temps. Tu pensais que ça allait aller, mais en fait, c'est pire. La situation, tu as de plus en plus de mal à y faire face. Certains te diront de baisser les bras, que tu fonces droit dans le mur, que tu te fais du mal. Oh ça oui, tu t'en fais du mal, mais elle en vaut la peine Daphnis, et tu lui as toujours promis que tu ne la laisserais jamais tomber. Alors tu vas tenir ta promesse, aussi longtemps qu'elle voudra de toi dans sa vie. Si un jour elle venait à te dire qu'elle préférerait que tu sortes de sa vie, même si ça te ferais le plus grand mal, tu le ferais pour elle. Rien que de penser à ça, tu sentais les larmes te monter. Et puis, il y avait ce petit ange qui poussait en toi. Qui n'avait rien demandé à personne. D'ailleurs, tu ignorais si c'était vraiment bon ce que tu étais entrain de faire pour lui, à courir, et parfois à courir aussi vite que tu le pouvais pour te défouler. Dans ta tête, c'était le Bronx. Tes pensées étaient noires, tes pensées étaient sombres. T'avais envie quelles sortent de là, quelles te laissent tranquilles. Par moment, comme là, tu n'en pouvais plus. Et en plus, tu commençais à manquer de souffle. T'avais l'impression d'étouffer avec tout ça. Il faut dire que courir comme tu venais de le faire ne t'avais pas aidé. T'étais loin, loin de tout, loin de la plage principale, loin du monde. Tu t'arrêtais alors sur cette immensité aussi sombre qu'elle peut être, et tu te baisses en avant, posant tes mains sur tes genoux, pour essayer de reprendre ton souffle. Parce que tu hyper-ventile. Et là, là. Tu te mets à crier, crier aussi fort que tu le peux, comme si tu voulais laisser échapper tous tes maux. Comme si ça allait pouvoir te soulager. Ca faisait plusieurs mois que tu gardais tout en toi, que tu ne disais rien à personne, que tu faisais comme si tout allait bien, que tu ravalais tes larmes quand tu les sentais monter, qu'aujourd'hui, s'en était trop. Tu avais besoin que tout ressorte. Et ici, où tu te retrouvais seule, c'était le moment. Il était très tôt, presque six heures maintenant. Personne n'était là pour te voir. Pour t'entendre. La plage toute entière t'appartenais. Ca te faisais du bien. Tu le sentais. Et voilà que les larmes se mirent à couler toutes seules, sans que tu ne pus en avoir le contrôle. C'est comme si ton toi inconscient relâchait tout ton mal être, contre ton gré. Tu n'étais plus en mesure de contrôler tes émotions. Elles avaient décidé de prendre le dessus, surement pour essayer de te libérer un peu de ces maux.

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@aglaé woods & neva weisel

t’arrive plus à dormir. tu fermes les yeux tard, et tu les ouvres quatre heures après. les jours et les nuits s’entrelacent, et toi, t’en peux plus neva. ça fait quelques semaines que t’es revenue, et t’es passée par toutes les phases : la tristesse, le déni, la compensation. là, t’es dans la phase où tu réfléchis, où ton esprit turbine sans cesse pour pouvoir trouver, par lui même, des réponses à ses questions.
mais tu les as pas.
alors, tu gamberges. tu ressasses. c’est jamais bon, de ressasser. mais t’as rien d’autres à faire.
ton téléphone est désespérément silencieux. pas un mot. t’es partie comme voleuse, certes. mais tu mérites un peu de considération. il t’en as jamais vraiment donné lui, même quand vous passiez vos nuits ensemble, à rêver d’un monde simple. il a tout gagné. et toi t’as tout perdu.
c’est dur d’arriver à cette conclusion. celle d’avoir laissé filé sa chance. celle de fermer un chapitre du livre, définitivement.
tu étouffes. tu sais que ton frère sacrifie sa propre santé mentale pour te garder, déchet que tu peux être, chez lui. il corrige ses cours sur la table de la cuisine, tandis que t’as fait de son bureau ton antre. tu le remercieras jamais assez. mais là, t’étouffe.
l’écran de ton radio-réveil indique 5h30.
carmel, c’est pas ton havre de paix. mais à 5h30, quand tout est fermé, que la ville est silencieuse, elle est plus paisible, clairement supportable. alors tu sautes sur l’occasion. un pull, un jean, tes clés, et tu descends, silencieusement, te glisser dans ta voiture. la plage t’appelle.

quand tu poses enfin tes pieds nus dans le sable, il est froid. c’est surprenant, toujours. quand t’étais ado, t’as passé des soirées ici, autour d’un feu, bières en main. quinze ans plus tard, la réalité est plus glaçante.
tu t’enfonces dans les ténèbres. t’es seule, évidemment. couchée sur le sable, capuche sur la tête, tu regardes les dernières étoiles laisser place au jour, et t’écoute les vagues te bercer. on peut pas te voir. alors, seulement, tu te détends.

c’est la que tu l’entends.

ça te glace le sang. un cri, des pleurs. la douleur. les cinq sens en alerte, tu te redresses d’un seul homme. t’es pas peureuse, mais si tu dois t’interposer entre un meurtrier et une victime, t’es pas sure de faire le poids. mais tu vois l’origine du cri.
elle est seule, un peu plus loin. les deux genoux enfoncés dans le sable. et elle pleure.
elle doit être paumée, comme toi. tu vois rien d’elle, si ce n’est ses cheveux qui volent au vent.

tu t’approches, furtivement. tu veux pas lui faire peur. mais tu peux décemment pas la laisser seule. « tout va bien ? » question stupide. elle est en larmes, écroulée sur le sol. rien ne va. tu t’accroupis, t’essaye de la voir. « hé, hé, ça va aller, d’accord ? » tu poses la main sur son dos, qu’elle sente une présence, au moins. « je m’appelle neva, t’as peut être besoin d’évacuer avec une inconnue ? »

c'est cet instant qu'elle choisi pour lever la tête. et soudain, elle n'a plus rien d'une inconnue. ces yeux bleus, ces cheveux noirs, tu les reconnaitrais entre mille. « aglaé ? » la famille woods. ton premier amour. et là devant toi, la petite soeur que t'as jamais eu, brisée en mille morceaux.

Neva & Aglaé

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« Et puis, c'est pas grave de ne pas aller bien. T'as le droit, tu sais. T'as le droit de pleurer sans raisons, alors qu'en apparence tout va bien. T'as le droit de vouloir tout envoyer valser, devant les journées que tu essaies de rendre parfaites. C'est même un devoir d'être triste, car ton corps et ton coeur s'expriment. Laisse-les faire bordel. Après tout, c'est eux qui te mènent. »

T'es seule. Il fait nuit. Ca te fait du bien. T'avais besoin d'être loin de tout. Loin de ce loft, loin de cette chambre, et de ce grand lit où sa présence te manque chaque nuit. Où inconsciemment tu la cherches, tâtonnant avec ta main. Ta bien aimée. T'es brisée. Par moment, tu détestes la vie. Tu la détestes aussi fort que tu ne peux aimer Daphnis. Pourquoi toi ? Pourquoi vous ? Votre relation, elle a été semée d'embûches au début, mais vous êtes parvenues à braver la distance et le temps pour vous retrouver, et faire de votre vie un véritable conte de fée. Vous aviez tout pour vous. Vous aviez surement trop. Votre vie était bien trop belle pour que ça dure. Encore des obstacles. Mais là, serez-vous encore capable de braver ses obstacles pour retrouver votre vie d'avant ? T'étais perdue, littéralement perdue. Toute cette situation te rongeais de l'intérieur. Elle te grignotait, peu à peu. T'as besoin d'évacuer tout ça. Tout ce mal être, toute cette douleur, tous ces maux qui sommeillent au plus profond de toi. Ceux que tu essaies d'ignorer. T'es dans le dénie. Tu fais celle qui va bien. Tu joues les femmes fortes. Comme si rien ne pouvais t'atteindre. Tes larmes, quand tu les sens monter, tu les ravales à la vitesse de la lumière. Parce que t'as pas envie de craquer toi. Craquer, c'est accepter tes faiblesses. Mais tu n'en as pas envie toi. T'essaies de te dire que tout va bien se passer. Malheureusement, il y a ce spectre qui plane au dessus de ta tête, qui est là pour te rappeler que non, tout ne se passe pas aussi bien que tu l'aimerais.
Tout en pensant à ça, tu te mets à courir vite. Aussi vite que tu le peux. T'as envie d'évacuer tout ce que tu as en toi. Tu n'en peux plus. Tu te sens explosée. Ca monte. Ca monte. Et tu finis par laisser échapper un cri de douleur. Il est fort, il est profond. On sent qu'il vient de loin. On sent que ça te prends aux tripes. On peut y sentir toute la douleur qu'il en découle, et que tu peux ressentir. Tu t'effondres. A ce moment là, tu n'as plus aucun contrôle sur ta personne, sur tes émotions, tes gestes. Tu te retrouves genoux contre le sable. Et les larmes coulent à flot. Tu fermes les yeux, tu veux les retenir, mais c'est fini, c'est trop tard Aglaé. Tu ne peux plus te contrôler. Alors, tu décides, pour une fois, de lâcher prise, et de les laisser couler. T'entends cette voix. Mais, tu n'y prêtes pas vraiment attention, parce que t'as l'impression d'avoir rêvé. Et puis tu es tellement mal, que ça ne serait pas étonnant que ta tête te joue des tours. De plus, qui pourrait bien se retrouver ici, sur la plage, aussi tôt, hormis toi et ton mal-être. C'est alors que tu sens cette main sur ton dos. Tu sursautes légèrement. Non, ce n'était pas un rêve, il y avait bien quelqu'un. Ce prénom. Neva. Non, ça ne pouvait pas être elle. Et en même temps, tu ne connaissais pas trente six milles filles portant ce prénom. Et puis, ce n'était pas non plus un prénom très répandu. Tu relevais alors la tête, pour lui faire face. Et c'était bien elle. Neva. Tu la connaissais depuis ta plus tendre enfance. Neva, c'était la première copine de ton frère, et Neva tu l'avais aimé comme une soeur. Tu la serrais alors fort dans tes bras, sans dire un mot. Parce que t'avais besoin de ce réconfort là. Sa présence te faisait du bien, elle te réchauffait ton petit coeur tout brisé. Quand les larmes décidaient enfin de se calmer, tu reculais légèrement, et essuyais ces dernières d'un revers de la main. Quelque part, tu te sentais légèrement mieux, un peu plus libéré. Ce qu'il venait de se passer t'avais fait du bien. Même si tu ne t'étais pas reconnue. Ca t'avais libéré d'un poids qui prenait bien trop de place dans ton petit corps frêle. Ca va. Ca c'est ce que tu essayais une fois de plus de te convaincre. Que tout allait bien. Mais quand est-ce que tu allais comprendre que non, ça n'allait pas. Pas du tout même. Tu aurais dû me dire que tu étais de retour, ça nous aurait peut être évité ce genre de retrouvailles. Tu souris légèrement, sans doute pour essayer de cacher ta peine. Ca te faisait plaisir de la voir là. Elle avait toujours compté pour toi. Qu'est-ce que tu fais là, si tôt ? Tu la questionnes, pour essayer de changer de sujet. Pour essayer de lui faire oublier ce qu'il venait de se passer. Même si c'était difficile de passer outre la situation dans laquelle elle t'avait retrouvé.

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@aglaé woods & neva weisel

quand elle se love dans tes bras, tu pourrais pleurer. ça te brise le coeur, de voir quelqu’un que t’aime dans cet état. elle évacue encore un peu, laisse couler ses larmes. ta main dans ses cheveux, sur son dos, t’essaye de la rassurer, mais dans ces moments-là, tu sais qu’il faut surtout tout sortir. lâcher prise. pleurer à six heures du matin sur une plage déserte, c’est un moyen comme un autre de faire passer la peine. toi, tu te détruis, tu passes tes soirées au bar. aglaé, elle, elle court et elle hurle. y’a pas de bons ou de mauvais moyens. mais y’a des moyens plus sains que d’autres.

et puis, après un moment, sa respiration se calme. elle respire à nouveau. elle est belle aglaé, même quand elle pleure. mais ça te brise le coeur en deux. tu l’as connu gamine. ses longs cheveux noirs, ses grands yeux bleus, tu les connais par coeur. t’es la dernière de tes soeurs, après, c’était lys. alors, quand t’as rencontré aglaé, tu l’as prise sous ton aile.

tes quinze ans, tu t’en souviens comme si c’était hier. tu étais l’étoile de carmel, tu avais des copines, tu avais julian, le frère d’aglaé, ton premier amour. tout était plus simple. et puis, la vie avait évolué. t’étais partie de carmel, et la douceur du premier amour n’avait pas résisté à un déménagement à l’autre bout du pays. et puis les woods sont partis. et tout était compliqué. vous êtes tous devenus des adultes, et la vie n’a visiblement pas l’intention de vous laisser un instant de répit.

normalement, ton retour à carmel était en grande pompe. tes parents organisaient une réunion pour tout le monde - regardez notre fille, notre talentueuse, belle, célèbre fille. cette fois-ci, la queue entre les jambes, tu avais prévenu personne. pas même ceux que tu considères de ta famille. tu te sens un peu honteuse, l’espace d’un instant. surtout quand elle est par terre, les joues encore humides de larmes. « j’avais besoin d’un peu de temps pour réfléchir. mais je suis là maintenant aglaé. je vais nulle part. »

elle est douce, aglaé. elle demande encore de tes nouvelles. « la même chose que toi je suppose. besoin de prendre l’air, et de pas étouffer. » mais elle t’inquiète, la jolie brune. elle devrait être heureuse. aux dernières nouvelles, elle était folle amoureuse, depuis toujours, depuis la même, la seule, l’unique femme de sa vie.

et quand on est heureuse en ménage, on hurle pas sur une plage. mais tu veux pas la brusquer. tu veux pas qu’elle se sente obligée. alors, tu écoutes. tu restes avec elle, simplement.

Neva & Aglaé

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« Et puis, c'est pas grave de ne pas aller bien. T'as le droit, tu sais. T'as le droit de pleurer sans raisons, alors qu'en apparence tout va bien. T'as le droit de vouloir tout envoyer valser, devant les journées que tu essaies de rendre parfaites. C'est même un devoir d'être triste, car ton corps et ton coeur s'expriment. Laisse-les faire bordel. Après tout, c'est eux qui te mènent. »

A cet instant même, tu as littéralement l'impression de perdre le contrôle de toi-même. De ne plus être toi. Ce n'est pas toi, ça, normalement. Toi, tu es une petite boule d'énergie, toujours souriante, qui croque la vie à pleine dents. Mais aujourd'hui, et ce depuis bientôt quatre mois maintenant, tu en veux à la Terre entière. Pourquoi toi ? Pourquoi vous ? Pourquoi le bonheur n'est pas supposé durer toute une vie ? Pourquoi il a fallu que cette putain de voiture vous percute, alors que tout semblait si bien allait dans votre vie ? Tant de questions se bousculent dans ta tête, ça grouille, ça te bouffe, ça te ronge de l'intérieur. Les larmes qui coulent le long de tes joues témoignent de la douleur qui se trouve au plus profond de toi. Tu sanglotes. T'essaies de te calmer, mais tu n'y parvins pas. Ca, c'est pour toutes les fois où t'as ravalé tes larmes, où tu t'es retenue de ne pas craquer, parce que tu voulais te convaincre que tu étais forte, et que tout allait bien se passer. Mais là, là, tu perdais littéralement pieds. Tes émotions venaient de prendre le dessus sur ton toi intérieur. Tu n'avais plus le choix que de les laisser s'exprimer pour toi. Et puis, il y a cette main, et cette voix qui ont pénétré ta bulle. Et ce visage si doux, si réconfortant. Neva. Elle est belle Neva. Tu l'as aimé si fort, et tu l'aimes encore si fort. La distance s'est mit entre vous, le temps aussi. Mais elle est là. Et c'est comme si vous ne vous étiez jamais quittées. Tu te blottis dans ses bras, et tu la sers fort contre toi. Parce que même si tu ne voulais craquer devant personne, elle est là maintenant, et toi, t'as besoin de ses bras pour te rassurer. Elle n'est au courant de rien. Rien de tout ce qu'il s'est passé. De l'accident, de l'amnésie de Daphnis. Mais elle est là et c'est tout ce qui compte. Tu profites de cet instant. Parce que ça te fais du bien. Ca t'as fais du bien de crier pour laisser échapper tous tes maux. Même s'ils sont encore bien présent, et que ton petit coeur est meurtri, il n'empêche que tu te sens plus légère. C'est comme si cette boule que tu avais au creux de l'estomac s'était échappée.
T'arrives au bout de plusieurs minutes à enfin te calmer. Tu finis par te reculer légèrement, pour enfin lui faire face. T'as les yeux rouges écarlate. Tu te pinces les lèvres, et tu t'essuies d'un revers de la main, les dernières larmes sur tes joues. Au fond de toi, tu te sens honteuse, car tu aurais préféré que personne ne te voit dans cet état, que personne ne t'entende crier comme tu as pu le faire. Mais Neva, elle est la grande soeur que tu n'as jamais eu. Tu n'es pas censée ressentir une once de honte face à elle. Neva, elle ne te jugera jamais. Neva, elle sera toujours là pour te rappeler qu'elle est là. Tu es de retour à Carmel depuis quand ? Tu la questionnes. Tu aurais tellement aimé que vos retrouvailles se fassent dans d'autres conditions. Pas ici, sur cette plage, en larmes. Tu aurais aimé lui réservé le plus beau des accueils pour son retour ici, là où tout à commencer. Voilà qu'en réponse à ta question, tu te retrouves face à une Neva qui elle aussi avait besoin de prendre l'air, ayant ce sentiment d'étouffer. Dans le même état d'esprit que toi. Tu devrais faire pareil, crier, ça libère. Tu hausses les épaules. Toi, c'est tout ce que tu as trouvé à faire, et désormais, tu te sens plus libérée, moins encombrée de tout ce mal être interne qui t'aurais donné des envies de tout casser par moment. Tu t'assoies alors sur le sable frais. Et tu observes l'horizon. Tu fermes les yeux, écoutant les vagues claquer contre les rochers, non loin de vous. Puis tu ré-ouvres tes prunelles pour quelles fassent face à la réalité. Tu respires doucement. La vie est tellement injuste. Tout va si bien, et du jour au lendemain, elle vient bouleverser ton quotidien. Pourquoi faut-il qu'elle s'en prenne à nous comme ça ? Tu es tranquille. Dans ton coin. Tu n'embêtes personne. Tu essaies de faire au mieux. Tu te fais discrète. Parce que tu n'as pas forcément besoin que tout le monde te connaisse pour exister. Et voilà qu'elle vient te rappeler que c'est elle qui décide de ton destin. Tu soupires, et tu laisses tes doigts jouer avec le sable fin. Tu attrapes une poignée, puis tu le laisses s'échapper par les entrailles de tes doigts.

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@aglaé woods & neva weisel

quelle conne tu fais. tu te sens mal, quand tu la vois comme ça, quand tu l’entends questionner ton retour. drapée dans des draps de honte et d’auto-absorption, tu t’es centrée sur toi-même. tu t’es prise pour le centre du monde, et t’as oublié que le reste du pays avait des problèmes aussi. alors, quand aglaé est au plus bas, devant toi, tu redescends un peu. tu relativises, aussi. et tu sais très bien, au fond de toi, que tu vas devoir finir par l’affronter, le monde, le vrai.

tu commences donc par elle, malgré toi, mais jamais tu la laisserai tomber. elle a beaucoup d’importance, aglaé, parce que tu l’as connue haute comme trois pommes. t’es partie, loin, longtemps, mais c’est le genre de lien qui résiste aux années et aux kilomètres. et là, c’est pas ton moment de craquer, parce qu’elle a besoin de toi, et t’en as déjà bien abusé, depuis des semaines, de ces moments « à toi », avec un verre à la main, une bouteille dans l’autre.

« je suis rentrée il y a quelques semaines, j’ai hiberné chez lys pendant pas mal de temps… » c’est pas une excuse, t’es pas fière, mais tu peux pas lui mentir, pas comme ça, pas maintenant. mais quand elle te propose, toi aussi, de crier, t’aimerais bien. t’aimerais bien pouvoir te libérer de tous ces poids sur tes épaules, qui t’enfoncent dans le sol, chaque jour un peu plus. mais tu te sens vide, trop vide pour avoir quoi que ce soit à hurler, comme si ta voix, elle s’était éteinte, et que toi, t’étais plus que l’ombre de toi-même. « j’aimerais bien, mais je suis pas sûre de pouvoir. » elle avait l’air mieux, aglaé, pourtant, après avoir hurlé à pleins poumons au milieu de la plage déserte.

quelques minutes de silence passent, entrecoupées par le seul bruit des vagues qui s’écrasent contre le sable. elle se calme, un peu. les larmes ont séché, sa respiration a ralenti. et alors, elle commence à parler. c’est cryptique, évidemment, pour toi ça n’a pas de sens. comment une fille comme elle, la douceur incarnée, droite, qui a toujours vécu sa vie dans la grâce et l’amour, elle peut dire des trucs comme ça ? comment, et surtout, pourquoi, c’est sur elle que ça tombe ? toi, tu l’as un peu cherché. toi, t’as pris les mauvaises décisions dans ta vie, t’as pas toujours été sympa avec les gens qui t’entouraient, alors quand ils ont trouvé la faille en toi, ils y ont planté un couteau. t’es la seule responsable de ce qui t’arrive. aglaé, elle, elle a l’air de subir ce qui lui arrive. ton coeur se serre encore. « ma chérie, qu’est ce qui t’arrive ? qu’est ce qu’il s’est passé ? t’en as parlé à daphnis ? » cette dernière question, tu la provoques. daphnis, c’est une constante dans la vie d’aglaé. si elle est là ce matin, à hurler sur une plage, seule, soit daphnis est au courant, soit elle en est la cause.

Neva & Aglaé

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« Et puis, c'est pas grave de ne pas aller bien. T'as le droit, tu sais. T'as le droit de pleurer sans raisons, alors qu'en apparence tout va bien. T'as le droit de vouloir tout envoyer valser, devant les journées que tu essaies de rendre parfaites. C'est même un devoir d'être triste, car ton corps et ton coeur s'expriment. Laisse-les faire bordel. Après tout, c'est eux qui te mènent. »

Les yeux rivés sur l'océan. Neva à tes côtés. Crier t'avais fait du bien. Cela faisait des mois que tu gardais tout au plus profond de toi. Parce que tu n'avais pas envie de prendre la tête à ton entourage avec tes problèmes. Et puis, tu n'étais pas du genre à parler de ce qui peut te rendre malade. Tu ne voulais pas miner le moral des autres. Alors, tu avais tout gardé à l'intérieur de toi, mais ça te consumais, à mesure que les jours passaient. Ca puisait toute ton énergie. Même si aux yeux d'autrui, tu parvenais à faire comme si tout allait bien. Comme si tu gérais parfaitement la situation. Ce n'était absolumet pas le cas. Et c'est pour cette raison que ce matin, ici même, tes émitions avaient prit le dessus sur ton self-control légendaire. Mais quelque part, tu savais que tu avais besoin de craquer un bon coup, pour essayer de repartir. Evidement, malgré tout ça, ça n'enlevait pas le fond du problème, qui était toujours le même. Mais au moins, tu te sentais plus légère. Ca vait quelque peu soulagé tes maux. Neva aussi, n'avait pas l'air bien. Alors tu lui avais conseillé de faire comme toi, sauf qu'elle ne semblait pas de cet avis. Avec du recul, tu la comprenais. Si on t'avait dit de crier de toi-même, un bon coup, tu ne l'aurais pas fait. Là, c'était un trop plein, qui t'avais poussé à le faire. C'était un peu indépendant de ta volonté. D'autant plus que ce genre de chose ne te ressemblait pas, quand on sait que tu es plutôt du genre à ne pas trop te faire remarquer. De plus, tu ne pensais tellement pas rencontree quelqu'un de ce côté là, ce matin. Sachant que tu t'étais éloignée de la plage principale. Mais elle était là, Neva. A croire que le destin avait fait exprès de la mettre sur ton chemin, pour calmer tes maux. Comme elle savait si bien le faire quand tu étais jeune.
C'est alors que tu te mis à lui poser des question. Enfin, elles ne lui étaient pas vraiment destinées. DIsons que c'était des questions, que tu te posais, face à l'injustice dont la vie faisait preuve. Tu avais tellement de mal à comprendre comment la vie si parfaite que vous aviez, avait pu tourner au drame en un claquement de doigts. Neva, elle était un peu perdue. Elle ne comprenait pas vraiment le sens de tes mots. Où tu voulais en venir. Elle était surement restée sur le fait qu'entre Daphnis et toi, tout allait bien. Parce qu'entre vous, ça avait toujours été. Rares étaient les fois où vous vous disputiez. Et quand bien même ça pouvait arriver, ça ne durait jamais bien longtemps, c'était pour des broutilles. Il n'y avait jamais un mot plus haut que l'autre. On a eu un accident de voiture en janvier. A son réveil... Tu marquais une pause, sentant ta gorge se serrer sous tes mots. Elle ne se souvenait plus de moi... plus de nous. Les larmes te montaient de nouveau aux yeux. Parce que même presque trois mois après, tu souffrais encore de cette situation. Je sais que je devrais me faire une raison. Mais... Je n'y arrive pas à m'y résoudre, Neva... Te résoudre à te dire que vous deux, c'était surement bel et bien terminé. Que Daphnis et Aglaé ne sonneraient plus comme le couple le plus évident, mais plutôt comme le couple qui appartenait désormais au passé. Tu fermais les yeux un instant, et de nouveau des larmes s'en échappaient.

AVENGEDINCHAINS

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@aglaé woods & neva weisel

elle n’avait jamais été très expressive, aglaé. elle avait ce caractère qui fait qu’elle était plutôt celle qui écoute. combien de fois toi tu t’étais confiée, même quand elle était jeune, et que sans broncher, elle avait écouté, attentive, elle avait conseillé, telle une adulte. mais elle, elle disait rien. pas pour faire des mystères, non, sans doute par pudeur plus que gêne. elle était douce, aglaé, et elle était de celles qui gardent à l’intérieur plus qu’elles ne partagent.
alors quand tu la vois exploser, parler, sortir un flot de paroles plus atroces les unes que les autres, tu le sais, que c’est grave. qu’elle est au plus mal. tellement qu’elle ne peut plus le garder pour elle.
elle est discrète, aglaé. mais elle est gentille, elle a un coeur d’or, elle donnerait tout pour les autres.

et puis elle parle de l’accident. daphnis qui l’a oubliée. son envie de passer à autre chose, mais l’impossibilité de laisser partir quelqu’un qu’on a dans la peau. tu connais ça, toi aussi, neva. toi, t’es partie, t’as du t’en aller pour ton propre bien, sinon tu serais devenue folle. mais c’est différent. daphnis et aglaé, c’était un amour sain. pur. vrai. une complicité dans les yeux qui ne s’explique pas, et s’il ne restait qu’elles sur la terre, ça leur irait quand même. elles n’avaient besoin de rien d’autre. c’était l’amour inconditionnel. toi, tu connaissais que la douleur et les secrets. tu connaissais pas ce qu’elles avaient. tu le connaitrais sans doute jamais. « mon dieu… je suis désolée ma chérie. » les larmes coulaient de nouveau sur ses joues pâles, ses grands yeux bleus envahis par la tristesse. t’étais incapable de dire ou faire quoi que ce soit qui ne soit pas bateau ou banal. alors que c’était tout sauf normal.

c’est ce qui rendait la situation d’autant plus affreuse. l’injustice par excellence. c’est pour ça aussi, qu’aglaé ne pouvait - ne devait - pas abandonner. mais comment on fait, hein, dans ces moments là, où la vie vous jette des épreuves qui n’ont pas de sens ? toi, t’avais bien abandonné. t’avais jeté l’éponge. t’avais eu peur de n’être qu’un pion qu’on brise encore et encore. mais aglaé, elle, c’était une reine. elle était trop bien pour faire tes erreurs, neva. c’est cette idée qui t’as poussée, malgré ses larmes, malgré son état, de pas la laisser s’apitoyer. « tu peux pas faire ça, aglaé. tu peux pas la laisser. pas toi. pas vous. » mais t’as pas le droit d’être dure neva, t’as pas le droit de l’accabler - pas maintenant, jamais. « il doit bien y avoir un moyen, qu’elle se souvienne de toi ? des photos, des souvenirs, l’emmener sur les traces de votre amour ? » c’est dur, de perdre l’être aimé - surtout quand il est juste à côté. tu fais un transfert, tu le sais, mais tu peux pas la laisser abandonner comme toi tu l’as fait.

Neva & Aglaé

Scream to evacuate

« Et puis, c'est pas grave de ne pas aller bien. T'as le droit, tu sais. T'as le droit de pleurer sans raisons, alors qu'en apparence tout va bien. T'as le droit de vouloir tout envoyer valser, devant les journées que tu essaies de rendre parfaites. C'est même un devoir d'être triste, car ton corps et ton coeur s'expriment. Laisse-les faire bordel. Après tout, c'est eux qui te mènent. »

Quelque part, tu te sens un peu honteuse d'avoir littéralement craqué et que ce soit Neva qui soit tombée sur toi. Cet endroit était si peu fréquenté surtout aussi tôt le matin, que tu ne t'attendais pas à voir quelqu'un. Et encore moins Neva. Mais elle était là désormais. Et au final, c'est tout ce qui comptait. Ses bras autour de toi, qui t'avaient contenu et permis de te calmer. Cette douceur et cette tendresse qu'elle dégageait. Neva, elle avait toujours eu un effet bénéfique sur toi. Elle savait trouver les mots. Parfois même, elle n'avait pas besoin de mots. Une simple étreinte était suffisante pour sécher tes larmes et calmer tes mots. Neva, elle avait ce rôle sur les épaules. Elle se l'était elle-même attribué. Celle de la grande soeur que tu n'avais jamais eu. Toujours à l'écoute, toujours présente, que ce soit dans les bons comme dans les mauvais moments. Enfin, elle t'avait rarement vu aussi mal. Non, que dis-je, elle ne t'avait clairement jamais vu dans cet état là. Ta vie, même si l'entente avec tes parents n'est pas à son plus beau fixe, ta vie elle, elle a toujours été belle. Tu n'as jamais manqué de rien. Tu as toujours réussi tout ce que tu as entrepris. Sentimentalement parlant. Tu n'as connu que Daphnis, et ça a toujours été entre vous. En fait, Neva t'as toujours connu souriante, à croquer la vie à pleine dent. Et les rares fois où il t'arrivait de te retrouver dans une impasse, tu gardais tout pour toi, et tu faisais en sorte que tout aille bien. Ca a toujours été comme ça avec toi. Devant autrui, t'as toujours su mettre tes problèmes de côté, parce que tu ne voulais tout simplement pas les envahir avec tes petits tracas. Enfin, ce que tu vivais depuis plusieurs mois maintenant , c'était bel et bien loin d'être un petit tracas. Non, c'était toute ta vie qui s'était effondrée tel un château de cartes qui aurait été ravagé par une brise de vent. Les fondations mêmes s'étaient écroulées. La base de tout. Les sentiments de Daphnis à ton égard. Tout. Tout était parti en fumé. Il ne restait désormais plus que deux êtres, qui auparavant avaient pour devise nous deux contre le reste du monde, mais qui maintenant étaient revenus au rang de quasi-inconnues.
Tes larmes s'étaient de nouveau échappées, et perlaient le long de tes joues. Des grosses larmes comme tu n'en n'avais pas eu depuis bien des années. Des larmes qui témoignaient toute la douleur que tu pouvais ressentir durant cette dure épreuve que tu traversais depuis quelques mois. C'était pas facile tout ça, et rien que d'y penser, tu craquais, c'était plus fort que toi. Prendre la peine de lui expliquer brièvement ce qu'il s'était passé, c'était dur pour toi. Surtout que ce n'était que la version édulcorée de l'histoire. Tu t'étais passée des détails, comme lui dire que Daphnis était persuadée d'être fiancée à un homme. Ca, c'était vraiment la cerise sur le gâteau. Encore, qu'elle ne se souvienne pas de toi, c'était déjà bien assez dur, mais qu'en plus, ça mémoire lui joue des tours et lui invente un pseudo-fiancé, c'était encore plus compliqué. Savoir que ton amour en aimait... Un autre. Ca te brisais littéralement le coeur. A l'heure d'aujourd'hui, on s'évite comme la peste. Tu sais. Quand elle s'est réveillée, que je me suis penchée pour l'embrasser, heureuse qu'elle ouvre enfin les yeux, elle m'a repoussé, et c'était limite une pas naturel pour elle d'embrasser une fille. Tu secoues la tête doucement et négativement, essayant de chasser cette image qui vient encore te hanter, jour et nuit. Le loft est rempli de nos photos... Elle est persuadée que tout le monde lui ment. Comment des photos pourraient trahir des paroles. J'y ai songé, mais pour ça, il faudrait que nous puissions se voir, passer du temps ensembles. Qu'elle l'accepte aussi. Et je t'avoue que je la fuis aussi. Parce que je n'ai pas envie d'être un poids pour elle. Déjà que la situation est assez compliquée comme ça. Tu soupires, t'es perdue. Tu ne sais pas quoi faire. Au fond de toi, t'aimerais pouvoir passer du temps avec elle. Lui montrer votre lieu de rencontre, l'endroit de votre premier rendez-vous en amoureuses. Votre premier baiser. Tout ça. Mais pour le moment, c'est encore bien trop compliqué.

AVENGEDINCHAINS

scream to evacuate
@aglaé woods & neva weisel

c’est la douche froide. il est des amours qui devraient être gardés de toute épreuve. daphnis et aglaé, c’est ce genre d’amour. et pourtant, c’est elles que les méandres des corps séparent. une chimie cérébrale déséquilibrée, et une vie entière d’amour qui s’oublie. comme ça. toi tu veux oublier, et tu peux pas. elles, elles avaient trop à partager, trop à vivre encore, et c’est la souffrance qui s’est abattue sur elles. c’est une espèce de loi de murphy tordue, pimentée d’une énorme dose d’injustice.

ses joues s’humidifient, encore. elle est au fond du trou, la jolie brune, et toi, t’es désemparée. on n’est jamais trop prêt à ce genre d’annonce, encore moins à la façon de les gérer. tes doigts se perdent encore dans ses boucles noires, manière simpliste de lui montrer ta présence, ici, maintenant, et toujours. t’imaginais pas ce que ça pouvait être. parce que daphnis, elle, elle avait oublié. aglaé, elle avait tout en tête. tout et personne pour le partager. ton estomac se serre rien que d’y penser, la détresse qu’elle doit ressentir… t’ose même pas te mettre à sa place. c’est comme la mort, c’est triste pour ceux qui restent. ceux qui s’en vont, comme l’esprit de daphnis, ils ont rien en tête. et ceux qui restent, ils ont tous les moments, tous les instants, chaque souvenir ancré en eux comme une plaie qui s’ouvre à chaque fois qu’ils y pensent.

repoussée par l’amour de sa vie. c’est de plus en plus dur d’entendre cette histoire faite du même bois que les plus grands drames. t’es complètement déboussolée, il y a des choses qui ne peuvent, ne doivent pas s’oublier. mais ton incompréhension, c’est pas le moment de la montrer. c’est pas le moment de l’assaillir de questions, même si mille te traversent l’esprit à la seconde. « ma chérie… comment tu fais pour tenir le coup ? comment tu vas, toi, comment tu le vis tout ça ? t'as du monde autour de toi ? j'suis là pour rester, tu le sais maintenant.»

la fuite, tu la comprends. tu fais pareil, tout le temps. la fuite, mettre la tête dans le sable, c’est ta spécialité. mais tu sais aussi que c’est la pire des solutions, parce que tôt ou tard, tout te revient, violemment, en pleine tête. alors, quand elle te dit qu’elles habitent encore ensemble, tu comprends pourquoi c’est d’autant plus dur. « tu peux pas rester dans l’appart, aglaé. tu dois te protéger aussI. si tu peux pas la forcer à te parler, tu dois prendre soin de toi aussi. et si tu restes dans les millions de souvenirs, tu vas péter un plomb. il est six heures du mat’ et tu hurles sur une plage… » tu t’inquiètes. elle est dans un sale état. la douleur et la tristesse déforme ses traits pourtant si doux, si fins. t’aimerais pouvoir faire en sorte que tout s’arrête, l’espace d’un instant, entrer dans une sorte de limbe, sans aucun problème, sans aucune souffrance, et, juste un instant, vous aussi, sans aucun souvenir.