we will be the partners of the day. (kieran and candice)

La nuit avait été particulièrement animée pour moi. J’avais envahis les planches du cabaret pour jouer le show vedette : « Bella la glissante ». Bien entendu, je continuais de me produire dans le plus grand des secrets. Je laissais mon corps s’articuler sensuellement derrière cet immense drap. On appelle ça l’ombre chinoise. Mon corps apparait telle une ombre, impossible d’apercevoir mon visage.  Et c’est ce que je veux, l’anonymat le plus complet. Inutile d’être jugée par une famille qui ne me prête aucune attention, inutile d’être critiquée et non soutenue. Là, je faisais ce qu’il me plaisait. A vrai dire, j’étais certaine d’être fait pour un métier artistique, basé sur la beauté du corps humain plutôt qu’un métier littéraire. Néanmoins, c’était bien vers un tel métier que je me dirigeais puisque j’écoutais ma raison et non mon cœur.
Pas à pas, je marchais lentement dans le parc en tenant dans ma main le cappuccino que j’avais acheté sur le chemin. Rien de mieux pour me remettre les idées en place et surtout pour me donner de l’énergie.
Aujourd’hui, je devais trouver l’inspiration pour illustrer mon article. J’avais cet examen à réussir et donc cet article à finir. C’est un article engagé dédié à montrer le manque d’investissement de la population pour lutter contre le réchauffement climatique. Je n’étais pas écologique du tout, ce n’était pas mon mode de vie mais je faisais un effort pour mettre ma patte à l’édifice. Et ceci passait par les déchets. J’y mettais un point d’honneur. Il ne faut pas énormément de courage pour jeter un déchet à la poubelle et non dans la nature.
Ma présence dans ce parc n’était donc pas une coïncidence. J’étais là pour photographier de mauvaises actions. Seulement, j’étais plutôt faite pour être le model et non la photographe. C’est vrai, j’avais cet appareil photo et cette compétence inexistante : la photographie.
C’est au bout d’une demi-heure, une fois ma boisson engloutie, que je m’étais décidée à commencer. Je cherchais donc mes proies en toute discrétion. Ca je savais faire, j’étais une espionne dans l’âme. Les Totally Spies n’avaient qu’à bien se tenir.
J’étais devant une aire de jeu pour enfant, bien décidé à prendre cette femme en photo. Elle avait un sac remplis de friandises et d’aliment en tout genre digne de l’alimentation d’un enfant et une poubelle à quelques mètres. Cependant, j’étais certaine qu’elle finirait par jeter ses papiers ou l’épluchure de sa banane au sol.
J’attendais donc patiemment mais sans que je m’en aperçoive, mon attention s’était portée sur un homme. Il était assez grand, assez musclé et séduisant. Sa tête m’était familière, très familière. En fait, il ne m’avait pas fallu beaucoup de temps pour le reconnaître. C’était le frère d’une amie que j’affectionnais lorsque j’étais adolescente. Je ne l’avais pas revu depuis de nombreuses années. C’était déstabilisant de le revoir, là, comme ça, par hasard.
Ne me demandez pas pourquoi mais j’avais cessé ce que je faisais pour aller à sa rencontre. « Kieran ? »  Souriais-je l’air interrogatif, espérant ne pas me tromper de personne. Non, j’en étais certaine, c’était bien lui. Je ne sais pas pourquoi je suis venue le voir sachant que j’ai dû lui parler une ou deux fois maximum mais pour une fois, j’avais écouté mon cœur plutôt que ma raison. Je ressentais ce besoin de l’accoster alors ainsi soit-il.

Il ne semblait pas me reconnaître aux premiers abords. Chose normale. J’avais tout de même énormément  changé. La dernière fois que je l’ai vu, à peine la majorité et puis, je ne l’avais aperçu que quelques fois donc difficile d’avoir un souvenir.
Cependant, j’avais réussi à le reconnaître. Moins difficile pour moi car à l’époque je le trouvais très beau et compte tenu de notre différence d’âge, lui, il n’avait pas énormément changé. Alors même si je ne le connaissais pas à proprement parlé, je l’avais observé toutes les fois où j’avais pu le croiser. C’était le grand frère d’une copine, le fantasme de toutes jeunes filles qui venaient de découvrir les vrais plaisir de la vie. « Si tu es doué pour prendre des photos ou que tu cadres mieux que moi oui sinon non.»  Souriais-je dans un premier temps, lança ceci spontanément car il s’agissait bien là d’une blague. J’ignorai pourquoi j’étais venue l’aborder mais je l’avais fait et clairement, je venais de créer une ambiance gênante. « Non, en fait, je suis là pour photographier certaines choses dans ce parc mais quand je t’ai vu, j’étais surement si fière de t’avoir reconnu, même si on ne se connait pas vraiment, que je me suis lancé spontanément à ta rencontre.» Ajoutais-je à la suite aussitôt. Je m’en sortais plus tôt bien, je me sentais beaucoup moins gêné maintenant que je lui avais dit ça. Oui, aucune raison. C’est ça, je n’avais rien derrière la tête. J’ai simplement répondu à une envie soudaine qui est surgie de nulle part. « Je vais en profiter pour prendre des nouvelles, comment va ta sœur ? » Demandais-je alors le plus banalement possible. Je n’avais plus de nouveau de sa sœur depuis quelques années, les routes se forment et parfois on prend des chemins différent, c’est comme ça.  Mais je gardais de très bon souvenir de notre amitié, elle avait été mon mentor.