whisky lover (jérémiades)

Elle est déjà au bar depuis trente minutes, à attendre que Peyton la rejoigne, déjà trois verres de whisky à son actif – la patience n’a jamais été sa qualité première – quand cette dernière lui envoie un sms afin de la prévenir qu’elle ne pourra finalement pas venir. Elle lève les yeux au ciel avant de s’installer définitivement au bar, recommande un verre. Et dire qu’elle s’est mise sur son trente et un ce soir, robe noire au décolleté plongeant, escarpins et rouge à lèvres carmin. Elles devaient se lâcher ce soir, commencer au bar avant de finir dans une boîte de la ville, histoire de se changer les idées l’une comme l’autre, de passer un bon moment pour oublier un certain connard en particulier. Et elle avait réussi à se motiver, vraiment, à se dire qu’elle allait passer une bonne soirée en compagnie de sa meilleure amie à faire tourner les têtes. Mais c’était sans compter sur le lapin qu’elle lui pose, pour cause de travail tardif. Travail tardif ou petit tour dans le bureau du patron, elle n’ira pas demander de précisions. Elle avale un quatrième verre, cul sec, bien décidé à profiter de sa soirée malgré tout, d’oublier sa solitude, et de se noyer l’esprit à coup de vapeurs d’alcool. Et elle y arriverait presque, si un imbécile un peu lourd, et probablement aussi alcoolisé qu’elle – si ce n’est plus – ne s’était pas mis en tête de lui faire du charme. Elle lève les yeux au ciel, essaie de l’ignorer, en espérant qu’il comprendra le message, mais apparemment il est aveugle en plus d’être con. Elle lui lance un regard noir, avant de lui dire clairement que non, elle n’est pas intéressée. Elle commande un cinquième verre, l’avale d’une traite quand elle sent une main se poser dans le bas de son dos. Elle ferme les yeux alors que sa mâchoire se serre. Elle pose son verre, envoie son poing dans la mâchoire de l’inconnu qui commence à réellement lui taper sur le système. « Putain c’est quoi que t’as pas compris dans NON, connard ? T’es sourd en plus d’être lourd ? » Le type se redresse, la main sur la mâchoire, le désir dans son regard remplacer par une haine pure et dure, et elle serait prête à se défendre alors qu’il s’apprête à riposter, la traite de connasse. Mais avant même que l’impact n’arrive, un corps s’intercale entre elle et l’autre enfoiré, semble le menacer de façon assez convaincante pour que l’autre finisse enfin par déguerpir. Elle se réinstalle sur son tabouret, commande un nouveau verre, alors que le type se tourne enfin vers elle. Et quand elle tombe sur ses yeux, elle ne peut s’empêcher d’arquer un sourcil, alors qu’un sourire narquois vient étirer ses lèvres. « Jeremiah ? Après le tombeur, tu t’essaies au rôle de chevalier servant ? » Elle rit de sa blague, fière de sa connerie, alors que les syllabes s’enchaînent difficilement, sujette à la langueur provoquée par l’alcool qui empoisonne ses veines. Elle descend son dernier verre en date alors que la tête commence sérieusement à lui tourner.

La routine. Un bar, des filles, beaucoup d’alcool et un foie qui par miracle est toujours fonctionnel. Jeremiah est dans le fond, sa bouche trouvant les babines pulpeuses d’une demoiselle à la tignasse bleu électrique. C’était moins son genre, mais ça lui donnait un petit côté rebelle qu’il aimait bien finalement. « Je vais fumer une clope. » La fille s’éloigne du garçon et Jeremi rigole en la laissant partir, nop, il ne sera pas là lorsqu’elle reviendra parce qu’il déteste lécher la langue d’une fille qui vient de fumer une cigarette. Comme quoi il fait bien de trouver les filles qui se colore les cheveux de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel sont étranges. Il se lève, balance quelques billets sur la table et se tire. Il était sur le point de partir en direction de sa voiture, cette fois-ci il était en état de conduire. La routine était brisée, ce qui n’était pas plus mal en vérité. La scène se joue du coin de l’œil, mais il ne rate aucune seconde. Erinn lui faisait la gueule ces jours-ci, encore plus que d’habitude et il n’en avait absolument rien à chier, mais bon, ce qui se produisait était inacceptable, même pour elle. Un garçon un peu trop insistant, il voit le geste au ralenti d’un ivrogne qui lève la main, Jeremi, comme un héros, enjambe les quelques mètres qui le sépare de l’employée de son cousin, puis lui colle une droite en plein visage. Le sang coule rapidement de son nez. « Dégage d’ici et je ne veux plus revoir ta sale gueule, ici ou ailleurs.» Le garçon repart, littéralement, la queue entre les deux jambes. Jeremi se retourne, espérant limite des applaudissements pour son égo, mais niet. Erinn lui tourne le dos et lorsqu’elle réalise que c’est lui qui vient de sauver son adorable visage, elle l’envoie au tapis. Il arque un sourcil. « C’est ta façon de me remercier de t’avoir sauver d’un con ? » Le directeur marketing prend une chaise à côté d’elle et voit la ligne de verres qu’elle vient visiblement de s’enfiler. « Ah ouais d’accord, mademoiselle est bonne pour faire la morale, mais les babines ne font pas avec les bottines. » Elle lui reprochait souvent de boire plus que nécessaire, mais définitivement, ce soir, c’était elle. Jeremiah éclate d’un rire sincère et sonore, il essuie même une petite larme au coin de l’œil d’avoir autant rit. « Qu’est-ce que tu fais ici, Erinn ? Quelqu’un ta poser un lapin ? » Il s’acharnait corps et âme à aller dans l’autre sens avec elle, c’était plus fort que lui de vouloir être près d’elle, mais non. La haine était l’option qu’il avait choisit et il le vivait très bien. « Je vais rester près de toi pour casser la gueule des autres connards qui veulent t’embêter. » Il fait mine de frapper dans le vide en rigolant, il était plutôt fier de son crochet.

« Mooooh, excuse-moi, où sont donc mes manières ? Vous êtes trop bon, messire, merci d’être venue sauver la pauvre demoiselle en détresse que je suis. » Elle mime une révérence, encore assise sur sa chaise, se penche assez pour presque tombée alors qu’elle se rattrape au bar de justesse en explosant de rire. Elle avait eu une envie irrépressible de l’étriper à chaque fois qu’elle posait les yeux sur lui, depuis cette soirée où il l’avait embrassé, où il l’avait confondu avec son ex, mais maintenant qu’il est là, devant elle, à la place de l’autre connard, elle se dit qu’entre lui et ’autre, ce n’est peut-être pas si pire. Et clairement, son jugement est plus que compromis après les… combien, déjà ? Elle ne sait plus où elle en est dans ses verres de whisky, s’en contrefiche royalement alors qu’il se fout de sa gueule, rit au point d’en avoir les yeux humides, et elle lève les yeux au ciel de façon exagérée, le whisky lui conférant de tendances plus que théâtrales. « Roooh ça va, tu vas pas faire ton rabat-joiiiie. J’ai bien le droit de m’amuser pendant mes jours de congés, non ? » Elle lui sert sa plus belle moue boudeuse, digne d’une gamine de trois ans à qui ont vient de dire qu’elle ne pourra pas avoir sa glace au chocolat. « Pour la peine, je t’offre un verre, tu seras peut-être un peu moins sérieux comme ça. » Elle fait signe au barman, un verre pour elle, un verre pour lui alors qu’il se renseigne. Elle laisse échapper un rire alors qu’elle arque un sourcil dans sa direction, vient s’accouder au comptoir afin de venir faire reposer sa tête dans sa main. « Ma vie privée t’intéresse maintenant ? C’est nouveau ça. » Elle lui lance un regard amusé en se mordillant la lèvre inférieure, l’alcool venant désinhiber le peu de réserves qu’elle a déjà au naturel avec lui. Puis elle lâche un soupir avant de lâcher la triste vérité. « Peyton devait me rejoindre, mais elle a eu un truc avec le travail, je sais pas trop quoi, mais j’étais déjà là, alors je me suis dit, autant en profiter ? » Et ça, pour en profiter, on peut dire qu’elle en a profiter, les cadavres de verres s’alignant devant elle en nombre conséquent, un véritable cimetière. « Et toiiiii ? Tu fais quoi ? T’as changé de terrain de chasse ? Ce sera qui la malchanceuse ce soir ? » Elle hausse les sourcils, le regard qui glisse de ses yeux jusqu’à ses lèvres, descend jusqu’à son torse alors que son cerveau s’imagine déjà ce qui peut se cacher derrière la chemise. Elle se redresse soudainement pour se concentrer sur son verre, descend son whisky pour chasser les images indécentes qui s’invite dans son esprit à lui en faire tourner la tête. A moins que ce ne soit l’alcool. Oui, ça doit être ça. Rien d’autre. Elle se tourne à nouveau vers lui en pouffant de rire alors qu’il se propose de rester à ses côtés. « Moooh, t’es trop mignooon. Mais te sens pas obligé surtout, tu sais, je sais me défendre toute seule ! » Elle se redresse, fait mine de contracter ses mini biceps pour approuver ses dires. « Et puis, je voudrais surtout pas gâcher tes plans de soirées torrides avec une parfaite inconnue, surtout. »

Satané petit sourire en coin, provocateur. « Évidemment que t’as le droit de faire la fête. » Il hausse les épaules alors qu’elle lui paie un verre. Le barman dépose deux verres deux eux, Jeremi repousse gentiment le verre du revers de la main pour se concentrer sur ce qu’elle racontait. « Déconne pas, je m’intéresse pas du tout à ta vie. » Ou peut-être un peu, qui sait ? En tout cas, le garçon ne l’assumerait pas aujourd’hui, ni demain et forcément encore moins maintenant. Erinn commence à lui raconter que Peyton lui a fait un faux bond, il rigole, il faut dire qu’il n’avait pas spécialement l’habitude de la voir déchirée. Habituellement disons qu’elle était plutôt de celle qui ramassait le vomit des clients. Naturellement, elle lui balance une crack. « Pourquoi est-ce que tu considères que c’est de la malchance de tomber sur moi ? » Il arque un sourcil, elle avait un sérieux problème depuis quelques temps. Erinn semblait le détesté, plus que normalement, et il ne voyait pas pourquoi. Sa dernière grosse cuite remonte à sa petite fête privée avec deux demoiselles dans son bureau, il avait pris un taxi pour retourner chez lui. Erinn lui avait balancer ses clefs le lendemain en pleine tête comme une espèce d’enragée. « Si tu veux qu’on couche ensemble suffit de le dire ! J’suis plutôt ouvert sur la question, pas obligé de m’agresser tu sais. » Lance-t-il en riant. Jeremiah n’avait aucun souvenir qu’Erinn l’avait reconduit jusqu’à chez lui, sur un vélo. Il n’avait aucune idée qu’ils avaient échangés un baiser électrisant et qu’il l’avait ensuite appelé Fiona. Pour lui, présentement, Erinn faisait juste une crise de jalousie mal placé. « Je suis sur que t’arrives à te défendre » Il roule des yeux. Elle commençait vraiment à être saoule. Il se lève d’un bond, il va la reconduire chez elle. Pendant qu’il replace sa tenue, il se tourne alors qu’elle lui balance une autre pique. Son regard s’attarde désormais sur les vêtements qu’elle porte et il mentirait de dire qu’il ne la trouve pas très attirante. Il avale sa salive de travers, s’étouffant presque. Il secoue la tête, il doit chasser l’idée de sa tête. Même s’il avait envie de coucher avec elle, il sait au fond de lui qu’il aurait l’imperssion de retrouver Fiona et ça n’avait aucun sens de faire ça. Il ne voulait remuer le couteau dans la plaie. Il avait eu du mal à accepter sa disparition et ça avait pris pas mal de temps pour lui tourner la page. Il secoue la tête. « Viens Erinn. » Il lui prend la main et la tire, il sent déjà dans la lourdeur de son corps qu’elle est vraiment saoule et il se demande comment elle pourra avancer en mettant un pied devant l’autre. « Aller, hop debout l’alcoolo. » À peine met-elle un pied sur sol qu’elle manque de s’effondré en riant. Malgré lui, il trouve ça drôle. C’est toujours amusant voir le monde ivre. « Viens, je t’aide. » Sans qu’elle ne puisse dire un seul mot il la prend comme une poche de patate sur son épaule. Les clients les regardent, surpris, moqueurs, un peu de tout. Au fond, il tenait une fille saoule sur son épaule et on pourrait presque voir sa culotte. « Je ne sais pas où est ta voiture, on reviendra la prendre demain. » Il se met donc en direction de sa voiture et il la trouve facilement. Il redépose la demoiselle au sol. « T’habites où au fait ? » Il débarre sa voiture et ouvre la porte passager. « Tu es capable de t’y rendre toute seule ou je dois encore te prendre dans mes bras ? »

Il ne semble pas vouloir toucher au verre qu’elle lui offre, et hors de question de laisser un bon whisky se perdre. Elle attrape le verre, le lève dans sa direction alors qu’il lui raconte des salades, elle en est persuadée. Elle pouffe de rire à sa question alors qu’il arque un sourcil, s’étonne presque qu’il ne comprenne pas où elle veut en venir. Mais apparemment non, c’est bien un mec. « Excuse-moi, mais finir dans un bureau pour devoir partir tout de suite après, j’appelle pas ça de la chance. » Elle connaît sa technique, sait très bien qu’une fois le deal accompli, minette doit retourner chez elle en catimini aussi vite que possible. Elle explose littéralement de rire lorsqu’il lui parle de coucher ensemble, manquerait presque de tomber de son siège alors que ses abdos la font souffrir. « Ne prends pas tes rêves pour des réalités, Middleton. » Ou les siens, à elle ? Peut-être. Entre la réalité et les abysses de l’alcool, tout est flou, elle n’arrive plus à faire la différence entre le vrai du faux, entre ce qu’elle veut réellement et ce que les verres enquillés à la vitesse de l’éclair lui font croire. « Ma gifle a laissé des séquelles ? » Il avait déjà eu un aperçu de ce qu’elle était capable de faire quand elle voulait se défendre, et si en temps normal – sobre – ce souvenir avait une fâcheuse tendance à la mettre en rage, ce soir ça la fait rire. Il semble s’impatienter alors qu’il roule des yeux, et sans lui laisser le choix, décide qu’il est temps de partir. Il attrape sa main, et ça l’électrise alors qu’elle hausse les sourcils, prise par surprise alors qu’il la déloge de son siège. « Oh tu peux parler, t’es pas mal dans ton genre quand tu t’y mets. » Aurait-il besoin d’une piqûre de rappel sur sa dernière soirée bien arrosée à l’hôtel, alors qu’elle avait dû le ramener jusque chez lui ? Probablement. Mais elle n’a pas le temps de s’en occuper, perdant l’équilibre alors que ses pieds touchent le sol. Et elle ne peut s’empêcher de rire de son état. Elle le regrettera le lendemain, c’est certain, sera encore plus énervée contre lui après qu’il l’ait vu dans cet état, mais ce soir, elle s’en fiche. Elle lâche un cri alors qu’il la soulève du sol pour la jeter sur son épaule, sous les regards amusés des clients, et elle ne peut s’empêcher de se dire que vu ses muscles, il doit être plutôt canon sans sa chemise. Elle râle de façon complètement incohérente alors que la tête lui tourne d’être en hauteur. « Tu sais, je peux marcher hein, je suis pas une gosse. » Ou presque. Il devient difficile de faire la différence. « Ma voiture ? Mais t’as vraiment la mémoire courte, dis donc. J’ai pas de voiture. » Il la redépose au sol, et elle ne peut s’empêcher de pousser le vice un peu plus loin, juste pour l’emmerder, alors qu’il lui tend des perches qu’elle se doit de saisir, question de réputation. « On ? Parce que tu comptes encore être là demain matin, peut-être ? » Elle lui lance un sourire en coin avant de rire, beaucoup trop fière de sa blague. Elle fait mine de réfléchir à sa question, un doigt posé sur son menton alors qu’elle lève les yeux au ciel. « Hmmm… Par là ! » Elle pointe la direction de son domicile alors qu’il ouvre sa voiture, et le rire la quitte tout de suite alors qu’elle hoche la tête frénétiquement de droite à gauche. « Nononononononononononon, hors de question que je monte là-dedans. Non. Nope. Never. Je monte pas en voiture, ni la tienne, ni aucune, jamais. Non. » Elle recule, s’éloigne de l’engin de ses pires cauchemars en titubant légèrement. « J’habite pas loin, je rentre à pied, par là. C’est un raccourci. » Elle indique la plage du doigt, avant d’en prendre la direction, d’une ligne plus que zigzagante. Elle retire ses escarpins, pose ses pieds dans le sable avant d’avancer vers l’eau, sans faire attention derrière elle, ne cherche même pas à savoir s’il la suit ou pas, complètement hypnotisée par le bruit des vagues. Elle arrive à cette zone qu’elle apprécie tant, où les vagues viennent lécher la plage brièvement avant de se retirer. Et soudain, sans comprendre pourquoi, sorti de nulle part, elle a envie de danser, pour la première fois depuis l’accident. Est-ce que c’est la nuit, le fait qu’elle se pense seule, le chant de la mer qui la berce, elle ne saurait le dire, mais voilà sa respiration qui se fait plus lente, alors qu’elle se met en position, les jambes qui dessine des arabesques, les pieds qui se mettent en pointe. Elle succombe complètement à son impulsion, alors qu’elle enchaîne les ronds de jambes. Mais l’alcool combiné au sol instable et au manque d’entraînement forment un cocktail explosif, la douleur dans sa jambe se réveille, et sa cheville cède, alors qu’elle peut entendre un crack résonner dans le silence avance de s’effondrer sur le sable mouillé, les vagues venant s’échouer contre elle de façon régulière. Elle attrape sa cheville, la douleur est lancinante et pourtant, elle ne peut s’empêcher de rire, avant de se rendre compte qu’elle n’est pas toute seule. « Jeremiah ? T’es encore là ? » Elle lève les yeux vers lui alors qu’elle essaie de se redresser, se rend compte qu’elle est incapable de poser le pied par terre. Elle se tourne vers lui, un sourire désolé sur les lèvres. « Finalement, je crois qu’il va falloir que tu me portes… Mais pas comme un putain de sac à patate ! »

Pas le temps de réagir à ce qu’elle raconte que Jeremi la voit déjà partir en direction de son pseudo-raccourci. « Mais qu’est-ce que tu racontes. » Qu’il balance avant de refermé en claquant la portière de sa voiture, depuis quand on refuse d’asseoir ses fesses dans une voiture de luxe ? Jeremi la rattrape, mais c’est qu’elle est rapide pour une demoiselle qui n’est pas en état de faire fonctionner ses neurones deux secondes. Ils arrivent finalement à la plage et là où Erinn semble paisible et en contrôle de ses moyens, Jeremi s’arrête avant de fouler ses pieds sur le sable. Il arrête sa course. Le jour ça pouvait aller, il prenait des marches sur le bord de la plage, mais une fois que le soleil disparaissait, forcément, lui aussi. Il avait cette peur maladive de l’eau, de la profondeur, de ne jamais sentir le fond avec ses pieds. Lorsqu’il fait nuit et la lune brille dans le ciel, c’est encore pire. Il espérait simplement qu’Erinn n’ait pas l’idée de faire une petite trempette, elle finirait noyée, évidemment. Il plante son regard sur elle, et quelque chose se produit. Elle commence à danser et, admiratif, il la regarde. Le temps défile soudainement très lentement, les lueurs de la lune sur sa peau lui donne une aura bleutée et inexplicablement, son cœur s’accélère dans sa poitrine. Les mouvements sont parfois maladroits par l’alcool, mais il est évident qu’elle danse mieux que bien des gens, même dans un état second. La bouche légèrement entre ouverte, il ne peut rien faire d’autre, ses yeux refusant de se décrocher d’elle. Erinn est gracieuse et oui, magnifique à regarder. Puis ça fait comme dans les films, la réalité le frappe lorsqu’elle s’écroule au sol sur le sable et, curieusement, il enjambe les quelques mètres qui la sépare d’elle, il pose un genou au sol et posa une main dans son dos. Elle lève la tête vers lui, il lui fait un petit sourire moqueur lorsqu’elle lui demande s’il est toujours là. Il hoche simplement la tête. Il l’aide à se relever, mais force est d’admettre qu’elle n’arrivera pas à marcher. « Viens, je vais te reconduire en voiture. » La phrase à peine terminée qu’elle s’affole. Jeremi la regarde, en posant une main sur ses hanches délicates. « Ok, ok ! Calme-toi. » Il n’était pas du genre à renoncer, mais sous ses grands airs d’imbéciles égocentriques il savait quand même admettre qu’il ne pouvait la pousser à faire quelque chose qu’elle refusait catégoriquement de faire. Il lui tourne le dos et se penche. « Votre cheval vous attends madame. » La gracieuse danseuse devient subitement une grosse baleine échouée lorsqu’elle se laisse tomber sur son dos en rigolant. Une vraie roulette à émotion. Jeremi glisse ses bras sous ses jambes pour la soulever pendant qu’elle entoure son cou de ses bras. « Tiens toi bien. » Erinn commence alors à lui indiquer le chemin et pendant un moment il a l’impression de tourner en rond, mais au bout de quelques minutes il finit effectivement à atteindre un immeuble, Erinn lui indique qu’elle vit au troisième étage, s’ils seraient dans un manga une immense goûte de sueur perlerait sur son front. Jeremi était en forme, oui, mais peut-être rendu à 3h00 du matin, ni avec un corps mort sur le dos. « Pourquoi ne suis-je pas surpris que tu ai décidé de vivre dans un endroit sans ascenseur. » Il soupire un bon coup et commence à avancer, montant une à une les marches. Il a l’impression de prendre plus de temps à escalader les escaliers que ça ne lui a pris de temps venir jusqu’ici. « Tu as tes clefs ? »

Il serait presque beau quand il lui sourit avec douceur et qu’il ne cherche pas à lui lancer des piques, et elle ne peut s’empêcher de le fixer en silence, sourire niais d’une Erinn éméchée planant sur ses lèvres alors que son cerveau cesse de fonctionner. Elle en oublie la douleur, et en oublierait presque où elle se trouve, avant qu’il ne l’aide à se relever et ne mentionne sa voiture. Les neurones de survie se réenclenche à la vitesse de l’éclair et la panique la gagne alors qu’elle secoue la tête en resserrant sa main autour du bras qui la maintient debout de toutes ses forces. « Ah non, non non non, pas la voiture, pas la voiture, pas la voiture. Je préfère encore dormir ici que de monter en voiture. » Sa main se pose sur sa hanche alors qu’il semble renoncer à son idée, et ça la calme instantanément, l’angoisse qui s’envole aussi vite qu’elle est venue. Elle passe d’un extrême à l’autre sans se formaliser, et lorsqu’il lui offre son dos, elle laisse un rire enfantin résonner dans la nuit avant de prendre place sur son destrier. Elle passe ses bras autour de son cou, cale sa tête sur son épaule alors qu’il la soulève du sol. « Dis donc, y aurait-il une âme de gentleman qui se cache sous les allures de Casanova ? » Elle pouffe, laisse sa tête tomber alors qu’elle réalise soudain que s’il la suivit sur la plage, il l’a probablement vu dans son élan de danseuse. « Tu m’as vu en fait ? Je veux dire, danser ? Parce que si oui, t’as intérêt à garder ça pour toi. Ca fait deux ans que j’arrive à être plus ou moins incognito ici, j’aime autant que ça reste comme ça. » Hors de question que la nouvelle se répande, qu’elle puisse atteindre des oreilles indiscrètes sur la côte est, notamment. Elle lui indique le chemin d’une main tendue, se trompe une ou deux fois, mais ils finissent par arriver devant son bâtiment. « C’est touuuuuuuut en haut, la dernière porte. » Trois étages à monter pour atteindre son petit chez elle, ce studio sous les toits avec vue sur la mer, et retrouver son chat. Elle rit à sa remarque alors qu’il se décourage sur les marches qui l’attendent. « C’est bon pour les fessiers. » Une remarque quelle a entendu à maintes reprises de sa grand-mère, qui préférait toujours prendre les escaliers plutôt que les escalators. Il semble ralentir à chaque marche qu’il monte. « Allez, courage petit poney, on y est presque ! » Ils finissent par atteindre le sommet, et elle réfléchit un instant, essaie de se souvenir où sont ses clefs, avant de se rappeler qu’elle a une pochette accrochée à son épaule. « Oui ! Tiens. » Elle les lui tend, parfaitement consciente que si elle devait le faire elle-même, ils y seraient encore demain, à tous les coups. Ils franchissent la porte de son humble demeure et son chat regarde d’un œil perplexe le nouveau venu. « Batmaaaaaan ! Mon bébé ! » Elle appelle son félin, qui reconnaissant la voix de sa maîtresse semble plus rassuré, et retourne à sa place sur le lit. « Pose moi sur le lit, et regarde dans le congèle, il doit y avoir des cold packs. » Elle se laisse tomber sur le matelas alors qu’il part à la recherche de la glace, glisse ses doigts dans la douce fourrure de son chat qui se met à ronronner. Elle essaie d’atteindre comme elle peut la fermeture éclair de sa robe. « Putain, à croire que ces foutues robes sont faites pour être enlevées par quelqu’un d’autre. » Elle finit par l’atteindre, et retire le tissu froid et humide à moitié couvert de sable, sans penser une seule seconde qu’elle se retrouve en sous-vêtement en sa présence. Elle se laisse tomber en arrière sur le lit, cherche d’un bras tendu le vieux t-shirt un peu large qui lui sert de pyjama, qui doit bien traîner quelque part. Elle finit par le trouver, l’enfile avant de dégrafer son soutien-gorge en lâchant un soupir de soulagement. Elle fait glisser l’instrument de torture par sa manche, le laisse tomber sur la robe échouer sur le sol. Jeremiah vient s’asseoir à côté d’elle et elle glisse ses jambes sur les siennes, alors qu’il applique la glace sur sa cheville. « Ouuuh putain c’est froid. » Ca lui échappe alors qu’elle ressert ses poings autour de la couette. Elle l’observe, confuse par cette facette qu’il lui offre, alors qu’elle se penche sensiblement vers lui sans s’en rendre compte. « Tu sais, tu peux être vraiment chou quand tu veux, en fait. » Sans réfléchir, elle glisse sa main sous son menton, fait disparaître la distance qui sépare encore ses lèvres des siennes alors qu’elle vient les capturer avec douceur, retrouve cette sensation d’être hors du temps qu’elle a ressenti la dernière fois. Elle ne sait pas combien de temps ça dure, mais elle finit par mettre fin au baiser, son front contre le sien alors qu’elle lâche un murmure. « Maintenant, on est quitte. » Elle se redresse, l’instant volé qui s’envole aussi vite qu’il est venu. « Je crois que j’ai trop bu. » Elle laisse un rire ensommeillé s’échapper alors qu’elle se laisse tomber en arrière sur le lit. « Faut que je dorme. » L’articulation se fait de plus en plus lente alors que ses paupières s’alourdissent, la respiration se fait plus lente, et elle tombe rapidement dans les bras de Morphée. Ou bien ceux de Jeremiah ? Mystère.

Sourire en coin, il saisit les clefs d’Erinn entre ses doigts pour déverrouillée cette porte. « En tout cas, ta grand-mère doit avoir un bon petit cul si elle ne prend jamais l’ascenseur. » La brune s’infiltre dans son appartement et pousse un petit couinement en appelant son chat. Jeremi et le chat, déjà, il sent que ça ne sera pas une histoire d’amour, de base, il n’apprécie pas forcément les félins. Il n’aime que Jules, son chien. « J’ai un chien moi. » Il se surprend à se demander pourquoi il lui fournis une telle information, premièrement elle était déchirée et ne s’en souviendrait pas, ensuite, qu’est-ce qu’elle en avait bien à carrée ? Jeremiah replace ses idées, une partie de lui reste toujours fasciné et attiré par la danseuse qu’il avait eu la chance de voir sur la plage quelques minutes auparavant. Une interrogation lui trottait toujours dans la tête, à savoir pourquoi elle l’avait quasiment menacé s’il disait à quiconque qu’il l’avait vu danser ? À dire vrai, qui est-ce que ça pouvait intéresser ? Jeremi n’avait, à ce moment, aucune idée de qui était réellement la barmaid. À peine l’eut-il déposé qu’elle lui réclamait de la glace pour son pied. Oui, ce foutu pied qui l’avait obligé à la porter jusqu’ici, comment avait-il pu l’oublier ne serait-ce qu’un instant ? Jeremi tourne les talons et il continue d’entendre sa petite voix criarde se plaindre que cette robe devait être retirée par quelque d’autre. « Tu n’as pas idée à quel point c’est le cas » Lui répond-t-il, en sachant très bien que d’où il était, impossible qu’elle l’entendent. Le garçon fouille un peu partout jusqu’à trouver ce qu’elle lui demande. Une fois trouver il cherche la salle-de-bain pour l’envelopper dans une serviette pour que cela ne soit pas trop froid au contact de sa peau. Lorsqu’il revient dans sa chambre il constate que la robe est au sol, le soutien-gorge par-dessus. Ses mouvements s’arrêtent, comme au ralenti et ses yeux se lève vers elle. Il avait l’étrange impression de pénétré dans une zone très personnelle, elle était nue en fait, sous ce t-shirt trop grand. Cela remontait à tellement longtemps, la dernière fois qu’il avait vu une femme en pyjama. Un cligne des yeux et un sourire discret se dessine sur son visage alors qu’il prend place près d’elle. Erinn installe aussitôt ses jambes sur les siennes et, avec une tendresse qui lui échappe, il pose une main sur sa cuisse et de l’autre il dépose la glace sur sa cheville, ce n’est pas long qu’il l’entend déjà se plaindre. Il rigole un peu. « Oh ça va, fait pas la chochotte. » Il la taquine, gentiment, elle lève les yeux vers lui. Son regard est lustré. Elle s’avance doucement vers lui et Jeremiah à étrangement l’impression que son cœur dérape. « Erinn. » Il murmure doucement son nom alors qu’elle le complimente. « Tu ne me connais pas, c’est tout. » Simple réponse, mais véridique. Erinn ne le connaissait pas, elle voyait la facette qu’il voulait bien lui montrer, celle du garçon sur de lui, qui savait où il allait, arrogant et provocateur. La vérité était que depuis Fiona, il n’avait jamais su s’ouvrir de nouveau, il n’avait jamais voulu non plus. Jeremiah et Erinn se regardent un instant. Le regard de Jeremiah oscille dangereusement entre le regard et les lèvres invitantes d’Erinn, une fois lui murmure que c’est mal, qu’elle est saoule et que cela serait profité d’elle. Ils se détestent tous les deux, ils ne sont pas attirés l’un vers l’autre, et pourtant… Dès qu’elle pose ses lèvres sur les siennes le geste est automatique, sa main se dépose sur sa joue et il répond intensément au baiser, et très vite leur corps se rapprochent, une main tenant toujours son visage, l’autre caressant la courbe de ses hanches. Un frisson lui chatouille la colonne. Le baiser se termine avant que cela ne dérape trop, mais plutôt que de s’éloigner l’un de l’autre, Erinn se colle à lui. Elle lui dit qu’ils sont quittes, ce qu’il ne comprend pas. Il ne s’arrête pas à ces mots puisqu’elle vient prendre place dans ses bras, il ne la repousse pas, au contraire. Le garçon s’installe confortablement dans le lit d’Erinn, accueil la tête de la brune sur son épaule et dans un geste protecteur il l’entoure de son autre bras. « Je vais partir dans cinq minutes. » Il ferme les yeux, caressant ses cheveux, puis… s’endort. Les quelques heures qu’il dormit n’avait rien de reposant, bien au contraire. Il était tourmenté par une série de cauchemars, le visage de Fiona qui se confondait avec celui d’Erinn. Il finit par ouvrir les yeux, sentant les rayons du soleil le réveillé. Il est surpris. Erinn à le nez collé sur son torse et il la serre contre lui. Elle dort paisiblement. Qu’est-ce qu’il doit faire ? Une partie de lui voudrait s’enfuir, agir en gigolo qu’il était, l’autre partie de lui s’exclame qu’il ne fait rien de mal, qu’il avait le droit… Il repense au baiser de la nuit dernière, qui le secoue complètement. Il ne pouvait pas se mentir à lui-même, il devait l’admettre ; il avait aimé ça. Jeremiah regarde la demoiselle dormir, puis il soupire en resserrant son étreinte, tant pis, il assumerait les conséquences plus tard.

Elle dort d’un sommeil profond, comme elle n’en a pas connu depuis longtemps. Elle est complètement apaisée, détendue, alors que des images de sa nuit dansent encore derrière ses paupières closes. Elle a du mal à défaire le vrai du faux, à savoir si elle a rêvé sa soirée avec Jeremiah ou s’il était bien présent. Elle ne sait pas s’il est vraiment resté dormir ou si elle s’est imaginée ces bras autour d’elle alors qu’elle s’est à moitié éveillée dans la nuit, le cerveau encore assez embué par l’alcool pour se dire qu’autant en profiter, non, avant de se serrer un peu plus contre lui. Elle préfère ne pas se poser la question. Le soleil vient lui chatouiller le visage alors que sa tête semble prête à exploser. Elle grogne avant de s’étirer tel un félin, puis passe son bras sur son torse alors que sa jambe glisse sur la sienne, cale de nouveau sa tête comme pour se rendormir. Comment ça, son torse ? Quel torse ?! Elle fronce les sourcils alors que sa main tâte le torse à ses côtés, comme pour s’assurer qu’elle n’est pas en train de rêver. Non, il y a bien quelqu’un à côté d’elle, dans son lit. Elle ouvre les yeux difficilement alors que la mise au point a du mal à se faire, et tombe nez à nez avec.. « Middleton ? Qu’est-ce que… » Elle se redresse immédiatement, quitte son étreinte pourtant loin d’être désagréable – ta gueule Erinn, c’est pas le moment. Son cerveau tourne à tout allure alors qu’elle essaie de reconstituer le puzzle de la veille. Mais avec son corps juste à côté, et vu son état, impossible de se concentrer. Elle sort du lit, saute sur ses pieds alors qu’une douleur lancinante explose dans sa cheville. « Putain sa mère ! » Le juron lui échappe alors qu’elle serre les dents. Elle a dû se tordre la cheville pendant la soirée, cette putain de cheville et sa fragilité qui ne l’a jamais quitté depuis l’accident. Une chose à la fois, elle doit d’abord s’occuper de ça. Erinn saute à cloche pied dans son studio jusqu’à la commode, retourne tous les tiroirs. « Putain, elle est passée où bordel. » Elle marmonne, se concentre sur la recherche de l’attelle plutôt que la présence de l’autre encore dans son lit. Elle finit par la trouver, s’assoit au sol pour l’enfiler sur son pied, avant de se rendre compte qu’il l’observe, et qu’elle ne porte rien de plus qu’un vieux t-shirt et une culotte. « Ca va, je te dérange pas ? » qu’elle balance avec rage alors qu’elle attrape un vieux jogging qu’elle enfile le plus rapidement possible, tout en essayant de ne pas aggraver l’état de sa cheville. Elle se redresse comme elle peut en s’appuyant à la commode, boitille jusqu’à la kitchenette pour faire du café, parce qu’elle en a plus que besoin, alors qu’elle essaie de retracer le parcours de sa soirée, de remettre ses idées au clair. Elle se revoit au bar, à enchaîner les verres après que Peyton l’ait lâchée. Puis le connard à qui elle avait collé une droite. Womanizer qui s’était interposé. D’autre verres, et à partir de là, le flou. Elle se souvient de la plage, de la glace sur son pied, et… Oh shit. Elle se revoit parfaitement l’embrasser avant de dormir. Baiser qu’il lui avait rendu, elle en mettrait sa main à couper, pourtant il était sobre non ? Puis le néant. Trop d’informations pour son cerveau atteint d’une gueule de bois monumental, elle ne peut s’empêcher de bloquer sur le fait qu’il est encore là, dans son lit, au matin. Et que son soutien-gorge trône au sol, sur sa robe, au pied de son lit. Elle se tourne vers lui alors que ses doigts pianotent frénétiquement sur le plan de travail, en attendant que le café soit prêt. « Je peux savoir ce que tu fous là ? » Elle réfléchit et… non, impossible, ils n’auraient pas… ? Elle refuse d’y croire, et pourtant elle se doit en avoir le cœur net. « Qu’est-ce qu’il s’est passé hier soir ? Je te jure que si t’en as profiter pour… » L’idée lui parait si saugrenue qu’elle n’arrive même pas à la formuler. « Je t’étripe, je te coupe en morceau et je te donne à bouffer au chat. »

Ses yeux s’ouvrent presque instantanément lorsqu’elle s’écarte de ses bras. L’homme ouvre doucement les yeux, se masse les tempes en se disant qu’il aurait bien continuer de dormir encore un bon moment. « Bon matin. » Marmonne-t-il la bouche encore collante d’un sommeil trop lourd et brusquement réveillé. Il distingue légèrement un juron pendant qu’il se relève en position semi-assise dans le lit de la brune. Un sourire coquin se forme sur son visage en la voyant sautiller à cloche pied jusqu’à sa commode, elle semble chercher un truc. « Qu’est-ce que tu cherches ? » Mais plutôt qu’une réponse à sa question, il se prend plutôt un regard meurtrier, ce qui refroidit le garçon, même, ça le met furieux. Le courant passait bien entre eux la veille, mais voilà qu’elle redevient l’espèce de connasse qui lui sert son whisky. Il sert la mâchoire. Erinn quand elle dégrise n’est vraiment pas de bonne compagnie. Jeremiah se tourne pour mettre ses pieds au sol en lâchant un soupire méprisant. « Ça va l’hystérique ce matin ? » La farouche demoiselle semble l’ignoré et se dirige vers sa pseudo-cuisine, histoire de faire un café. Avait-il halluciné la soirée d’hier ou quoi ? Les images lui reviennent à l’esprit, le sentiment d’admiration profond lorsqu’il l’avait vu danser sur la plage, le baiser qu’ils avaient échangés qui l’avait profondément remué. Honnêtement, Jeremiah s’en voulait d’avoir baisser la garde. Il assumait parfaitement son côté Womanizer, Erinn était le parfait exemple du pourquoi du comment il agissait ainsi. Elle lui pose finalement une question, elle semble agitée. « Je t’ai reconduis chez toi et je me suis… » Elle ne le laisse même pas terminer sa phrase qu’elle enchaîne avec une hypothèse qui lui fait dresser les poils sur ses bras. « Attend… t’es sérieuse ? » Suivis d’une menace de finir en bouffe à chat pour son Batman. C’est le sommet. Un véritable volcan explose. Il se lève et s’approche d’elle, un sourire mauvais sur le visage. Il était bien loin le Jeremiah doux de la veille, aussi loin probablement de l’Erinn plus joyeuse. « Oui Erinn, probablement que j’aurais profité d’abuser d’une pauvre fille incapable de boire, qui refuse d’embarquer dans une putain de voiture et incapable de faire deux pas de danse sur la plage sans se péter la cheville ! J’ai juste ça à faire de ma vie. Tu sais quoi ? La prochaine fois j’devrais t’laisser faire tripoter, c’est surement que ça que tu mérites au final puisque même quand on fait rien tu pars dans tes espèces de délire. Va t’faire soigner bordel. » Il regrettait ces mots, évidemment. Aucune femme ne mérite de se faire agresser, mais la rage dans le cœur, les mots peuvent parfois sortir maladroitement. Le garçon ramasse ses affaires qui trainaient au pied du lit d’Erinn. « Allez, j’me casse avant que tu commences d’autres conneries. »

Au changement qu’elle voit opérer sur le visage du Middleton, elle sait qu’elle a été trop loin, que son hypothèse était complètement fumeuse, mais c’est trop tard. La question est posée, et elle retrouve le connard qu’elle a toujours connu. Ca a presque un côté rassurant, parce que ça, elle a l’habitude, qu’il soit mauvais avec elle, qu’il cherche à la casser à la première occasion, et pourtant… Pourtant, elle pourrait vite s’habituer au Jeremiah de la veille, celui qui la porte sur son dos dans les escaliers, celui qui s’occupe de sa cheville, celui qu’elle avait embrassé. Il se lève du lit alors que le café coule, trop lentement à son goût, et ça tambourine dans sa tête alors qu’il déverse son venin, sans qu’elle ne parvienne à faire sens de tout ce qu’il peut lui dire. Son cerveau tique au mot danse, la plage, sa cheville, et elle lève un regard incrédule, presque apeuré vers lui. « Qu’est-ce que… ça fait plus de deux ans que j’ai pas… » Elle s’arrête dans sa phrase, refuse d’en dire plus de peur de trop en dire. Impossible. Elle a beau essayé de se souvenir, elle ne se voit pas danser sur la plage, encore moins devant lui. Depuis l’accident, elle avait complètement rejeté la danse, refusait catégoriquement de faire ne serait-ce qu’un pas de danse. Alors de quoi parle-t-il ? Elle délaisse son incompréhension alors qu’il va de plus en plus loin dans son discours, et c’en est, réaction en chaîne alors que la rage du Middleton vient réveiller la sienne, et elle se sent prête à exploser, comme un besoin de remettre les pendules à l’heure alors qu’il l’attaque sans vergogne, comme si lui de son côté n’avait rien à se reprocher. « Moi, incapable de boire ? Commence par te regarder dans un miroir bordel ! C’est qui que j’ai dû ramener chez lui la dernière fois parce qu’il avait trop bu ? Mec, tu tenais même plus debout. Et même pas foutu de te souvenir de mon prénom en plus. » Fiona. Son ex. Elle le sait à présent, l’info remontée à ses oreilles depuis cette escapade à vélo, et c’est encore pire que ce qu’elle pensait. Qu’il se plante de nom, en étant ivre, passe encore. Qu’il la prenne pour une autre, une avec qui il avait réellement eu une histoire, tout de suite, ça passe beaucoup moins bien. Elle plante son regard dans le sien, un regard noir alors qu’elle pourrait le tuer sur place, la voix qui se fait glaciale et tranchante. « Au moins moi, quand je t’embrasse, c’est pas parce que je te confond avec mon ex. Donc entre nous, c’est plutôt à toi d’aller consulter, histoire de te remettre les idées en place. » Le café enfin prêt, elle se sert une tasse, ne prend même pas la peine de lui en proposer une, alors qu’il ramasse ses affaires. De toute façon, peu de chance qu’il l’accepte vu la tournure de la conversation.

Son visage se décompose à mesure que les mots sortent de la bouche d’Erinn Sander, cette espèce de phénomène de foire qui se trimballe derrière le comptoir du bar. Son sang bouille dans ses veines alors qu’elle mentionne que la dernière fois c’est elle qui la ramener. Quelle dernière fois ? Jeremiah n’avait conservé aucun souvenir de cette fameuse soirée et pourtant il ne pouvait l’accuser de mentir, surtout si elle prétendait qu’il l’avait confondu avec une autre. C’était si possible, la ressemblance était évidente, frappante, alors oui, dans un moment d’ivresse largement avancé il aurait pu confondre. Erinn vient mettre le coup de grâce lorsqu’elle lui balance en pleine gueule qu’au moins quand elle l’embrasse, elle ne l’appel par le nom d’un autre. Il serre la mâchoire, ses ongles s’enfoncent dans sa paume de main et, bien qu’il ne soit pas aux abonnés violents, il aimerait bien foutre une droite dans le mur. Fiona était un sujet tabou pour tous ceux qui le connaissait. «  Ta gueule Erinn ! Tu ne sais rien du tout ! » C’est tout ce qu’il trouve à répondre à cette fille qui ose venir jouer dans ses plus douloureuses et profondes blessures. Il lui faisait dos depuis tout à l’heure et il se tourne lentement, son regard la foudroyant sur place. « Tu accordes trop d’importance à un baiser qui ne voulait absolument rien dire, un baiser dont je n’ai garder aucun souvenir tant il n’avait pas d’importance pour moi. » Jeremiah sent qu’il va vivre un débordement émotionnelle, mais c’était beaucoup trop intense à gérer pour lui, même si bon sens, Jeremi était du genre émotionnel pourtant. Il lui prend le poignet entre les doigts, exerce une pression légère. « Erinn, t’es personne tu comprends ? Retourne danser sur la plage si tu veux, pas besoin de délirer pour ça après, personne ne le remarquera. T’es qu’une insignifiance. » Il savait qu’il avait sans doute franchi une limite et il regrettait aussitôt ses mots. Il avait aimer l’embrasser, l’avoir dans ses bras, il avait aimer pouvoir lui caresser le bras et surtout il avait été ému lorsqu’il l’avait vu danser au clair de lune. Il lâche mollement son poignet et lui tourne le dos avant de remarcher vers la porte. «  J’demanderais à Lyam de t’augmenter pour que tu puisses suivre une thérapie, ça t’fera sans doute du bien. » Dit-il avant de sortir en claquant violemment la porte, il aurait jurer entendre un cadre tomber de l’autre côté. Il reste devant la porte, essoufflé et amer. Il soupire, se tourne et regarde la porte quelques secondes, peut-être une ou deux minutes. Peut-être devrait-il lui demander pardon ? Oh et puis, Jeremi, qu’est-ce qu’elle représente pour toi cette fille, sauf un tas de problèmes caractériels ?