(m/libre) chris evans

Mars 2020:
- Carmel by the Sea, Californie.
« Teddy ? Il y a quelqu’un qui demande à te parler en salle. » « Une raison particulière ? » demandais-je en rinçant mes mains. « Un client qui a presque fini son repas. Il a posé plein de questions sur la carte et il est arrivé assez tard. Tony pense que c’est un blogueur. » « Un blogueur ? Ils se prennent pour des critiques alors qu’ils ont le palais d’une autruche. » continuais-je en lançant mon torchon dans le panier à linges. « Il est à quelle table ? » « La douze. » « Merci Mark. »
Je marchais vers la table d’un pas décidé et sortais mon plus beau sourire après une journée fatigante comptant trois anniversaires et une demande en mariage. Ce que les gens ignorent c’est que lorsqu’il y a un anniversaire ou un autre évènement, c’est le chef pâtissier qui se retrouve à créer et réaliser le dessert où l’on trouvera bougies, mots doux ou bague de fiançailles. Et ce n’est pas du gâteau de cacher une bague dans un dessert en faisant en sorte que le client ne l’avale pas. Alors lorsqu’un client, fut-il blogueur ou fin gourmet demandais à rencontrer la chef pâtissière en fin de service, je n’étais jamais ravie. Cela n’apportait jamais de bonnes nouvelles et ma patience pour faire la parlote était limitée.
« Bonsoir ! Teodora Bianchi, vous souhaitiez me rencontrer ? » dis-je en souriant derrière l’homme de la table douze. Il se retourna et ses larges épaules dévoilèrent un beau blond qui n’avait pas fini sa part de tiramisu. Il mit sa main devant sa bouche et avala rapidement sa bouchée avant de prendre la parole. « Bonsoir ! Oui ! J’ai vraiment apprécié ce repas, j’avais juste une remarque à vous faire… Le tiramisu, je n’ai pas senti le goût du rhum, vous n’avez pas ajouté d’alcool du tout ? » Je clignais des yeux, surprise pas sa question. « Non. Je ne mets jamais de rhum. J’ajoute de l’amaretto, comme tout italien qui se respecte le fait. » « Ah, c’est donc ça ! Je me demandais bien ce qu’était cet arrière-goût ! » J’écarquillais les yeux. « Ce n’était pas mauvais, ne vous en faites pas ! Je préfère la recette de ma tante. La votre est un peu spongieuse. » « Pardon ? » J’étais bien trop choquée par la critique de cet homme pour répondre. « En tout cas, c’est un lieu charmant. Merci pour ce repas, je ne manquerais pas de vous envoyer une copie de l’article. » Dit-il en se levant. « De l’article ? Vous êtes donc un de ces blogueurs qui s’imaginent critiques culinaires. Parfait. Si ma cuisine ne vous plait pas, je ne vous retiens pas plus longtemps. » Finissais-je avant de retournée vers les cuisines plus énervée que jamais. « Chi diavolo si crede di essere? Viene nel mio ristorante e critica la mia cucina! Glielo farò mangiare dal culo! » Lançais-je dans la cuisine presque vide en retirant mon tablier. « Che si fotta di Dio! »
Quelques jours plus tard, je recevais un exemplaire de Bon appetit qui proposait un article élogieux sur le restaurant et particulièrement sur le tiramisu.