i know you want to stand inside, but it's light outside (jamie & alex)

— broken hearts can't mend each other, but we can try and talk about the pain.

Printemps 2020. On y était. J’aurais dû être en train de finir de préparer mon mariage. J’aurais dû faire les derniers essayages de ma robe. J’aurais dû être sur un nuage avec Thomas. En fin de compte, lui était probablement sur un nuage. Ou en enfer. Moi, j’étais sur terre. Seule. Je regardais les gens passer dans la rue près du studio. Je n’avais pas réussi à me concentrer de toute la journée. J’avais tenté de régler quelques factures. J’avais rangé un peu. Comme si cela allait me faire passer le temps. Je n’avais pas cours aujourd’hui, donc pas besoin de porter un masque et sourire aux élèves. C’était de plus en plus difficile de prétendre que tout allait bien. Eugène commençait à voir que je déprimais mais il ne disait rien. Il était à peine quatre heure et je ne voulais pas rester au studio à tourner en rond. J’envoyais donc un sms à Jamie, lui proposant qu’on se retrouve pour boire un verre et une heure après, je frappais à sa porte. « Hey, désolée de déranger… Ma journée était pourrie. » Je la prenais dans mes bras pour la saluer. « J’ai bien besoin d’un verre. Ou cinq. J’espère que toi aussi. Enfin, non. Pas que t’ai besoin. Enfin. Tu vois ce que je veux dire. » Jamie connaissait mon histoire. J’avais parlé de mon fiancé mort en thérapie de groupe. Elle avait parlé de son mari décédé. Elle savait tout sur mon histoire avec Thomas, même le plus horrible, comme son adultère. A Carmel, je pouvais compter sur Jamie, elle était une oreille attentive. Elle était aussi pleine de joie et les séances shopping étaient les meilleures lorsqu’elles étaient partagées avec elle.

La journée ne passait pas, Jamie en avait un peu marre, elle tournait en rond, Bastian était au boulot, elle n’arrivait pas à écrire, son esprit était bien trop occupé par Marcus et le fait que ça faisait trop longtemps depuis qu’il était parti maintenant, elle avait eu un petit coup de blues et le fait de se retrouver seule n’avait pas arrangé les choses. Lorsque son téléphone sonna, elle sauta littéralement dessus, enfin quelque chose pour la sortir de son désespoir, de son ennui mortel. C’était Alex, ce qui la fit sourire, elle proposait qu’elles se retrouvent pour un verre, ce qui convenait parfaitement à la blonde qui n’avait absolument pas tardé à répondre qu’elle était totalement partante et que, bien évidemment, elle avait du vin. Ou de la vodka si elles en avaient besoin un peu plus tard. Une heure plus tard, lorsqu’elle entendit des coups s’abattre contre la porte, elle ne fut pas réellement surprise d’ouvrir et de se retrouver face à son amie. Hey! Tu rigoles? T’es toujours la bienvenue tu sais bien! Son amie la prit dans ses bras pour la saluer, elle avait l’habitude et puis, elle était du genre assez tactile la petite Jamie, elle ne le montrait pas toujours et pourtant, c’était le cas. J’ai toujours besoin d’un verre, tu sais très bien, allez entre, fais comme chez toi, je vais chercher le vin, les verres et les cookies! C’était l’habitude, une mauvais habitude qu’elle avait fini par prendre la blonde, le vin, les verres et les cookies mais elle sentait qu’Alexandra avait besoin de parler et c’était pas plus mal, elle aurait bien besoin d’une oreille attentive aussi. Elle parti en direction de la cuisine, son amie connaissait la maison, elle savait donc qu’elle pouvait refermer derrière elle et s’installer dans le divan. Au bout de quelques secondes, la blonde se pointa de nouveau au salon et s’installa, tendant un verre rempli à son amie et posant la boite de cookies entre elles, sur le divan. Comment tu vas? Lui demanda-t-elle. C’était son amie, il était donc logique qu’elle lui pose la question et puis, elle savait parfaitement que dans cette situation, certaines dates étaient plus compliquées que d’autres.

@Alexandra Huang
(je fais ma mise en page après)

— broken hearts can't mend each other, but we can try and talk about the pain.

Jamie était toujours très accueillante. C’était impressionnant de voir cette femme ouvrir sa porte un sourire sur les lèvres quand on connaissait ses secrets et les tragédies qu’elle avait surmonté. Elle m’accueillait toujours les bras ouverts, et ce n’était pas aujourd’hui que cela allait changer. Elle allait chercher du vin et des cookies pendant que je m’installais son canapé. J’enlevais ma veste et la posait sur le dossier du divan. J’expirais et fermais les yeux alors qu’elle revenait, verres et cookies dans les mains. « Comment tu vas ? » me demandait-elle. A sa question, ma vue se brouillait. J’avais cru garder mes émotions à l’ordre, mais je m’étais complètement trompée. Les larmes commençaient à couler sur mes joues et je luttais pour ne pas éclater en sanglots. « Je pensais que ça allait. » dis-je en riant nerveusement à travers mes larmes. Je les essuyais d’un revers de la main avant de continuer. « Le mariage devait être dans quelques semaines… ça aurait du être dingue, et joyeux, et j’aurais dû me sentir comme … je sais même pas… Et je suis là, seule. Thomas est mort et je le déteste pour ce qu’il m’a fait, mais en même temps… il me manque, Jamie… il me manque tellement ! ça n’a pas de sens ! » J’étais frustrée par toutes ces émotions qui se mélangeaient en moi. Le monde ne tournait pas rond. C’était complètement dingue de ressentir tout cela et de ne pas exploser. Le poids qui m’étouffait depuis plusieurs jours était toujours présent, peut être un peu plus léger maintenant que je mettais des mots sur mes maux. Jamie était une oreille attentive. Je n’aurais pas pu en parler à mon frère ou à Neva. Et je ne voulais pas les mettre dans une position étrange. Ils n’avaient aucune idée de ce que la perte de son partenaire pouvait entrainer. Jamie savait. Jamie comprenait.

Jamie arrivait parfaitement à cacher sa douleur. C’est ce qu’elle avait souvent fait au cours des années précédentes alors qu’en réalité, elle avait souffert, elle avait ressenti cette douleur incroyable, son cœur qui avait du mal à battre et ses yeux qui ne savaient pas empêcher les larmes. La jeune femme avait réussi à cacher tout ça derrière un sourire, derrière cette impression que sa vie allait parfaitement bien mais, comme chacun, elle connaissait des hauts et des bas. Plus de bas depuis un petit moment maintenant mais elle s’acclimatait parfaitement, c’était devenu une habitude et les seuls moment où elle se sentait réellement bien étaient ceux qu’elle partageait avec Bastian, il avait réussi à l’aider à faire passer cette douleur et pourtant, c’était pas gagné. Lorsqu’elle retourna au salon, elle demanda à son amie comment elle allait et là, les larmes de la brune s’étaient mise à couler et elle s’était précipitée dans le divan pour s’asseoir à ses côtés et tenter de la rassurer du mieux qu’elle pouvait, elle comprenait cette situation, elle savait que c’était difficile et que ça faisait mal. Jamie s’installa et finit par poser les cookies, la bouteille et les verres sur la table pour se rapprocher de son amie et passer sa main dans son dos pour lui montrer un peu de réconfort. C’est toujours difficile. Il paraît que c’est la première année la pire, parce que tu te remémores les souvenirs des années précédentes, tout ce qui était encore à venir. Je sais que ça fait mal mais pleure si tu en ressens le besoin, je te jugerai pas, tu sais bien! Elle essayait de la réconforter mais, à vrai dire, ce n’était pas son fort à la blonde qui ne savait pas toujours comment s’y prendre surtout que ça faisait pratiquement autant de temps qu’elles étaient veuves. Jamie n’avait pas eu fini ce processus de deuil, elle était toujours dedans, certains jours allaient mieux que d’autres mais elle se souvenait parfaitement de la douleur de la première année et après, ça avait commencé à disparaître, petit à petit. Mais ça ne partirait jamais entièrement, elle aurait toujours mal au cœur, ses yeux se rempliront toujours de larmes lorsqu’elle pensera à Marcus, sa voix tremblera toujours d’émotion. La jeune lâcha son amie le temps de se pencher pour récupérer la boite de mouchoir qui se trouvait sur le bas de la petite table en verre, celle à côté du divan avant d’essayer de trouver des nouveaux mots réconfortant. Tu arrives déjà à faire quelque chose qui m’a prit super longtemps, j’arrivais pas à dire que Marcus était mort, je disais toujours il est parti, comme si ça changeait quelque chose. Comment si ça rendait ma douleur moins pénible. La blonde soupire et elle attrape son verre pour en boire une gorgée avant de le reposer sur la table. Elle pose sa main sur le bras de son amie. Chaque processus était différent, chacun prenait son temps comme il le pouvait.

@Alexandra Huang
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