retrouvailles enfantines. (amelia)

les journées étaient longues. elle ne peignait plus, trop effrayée à l'idée de toucher un pinceau à nouveau. parce que ça voudrait dire penser à finn d'une façon trop douloureuse et c'était hors de question de se laisser abattre par le chagrin à nouveau. pas quand il pouvait être là, toujours avec elle. fantôme du passé qu'elle aimait trop pour le laisser partir définitivement - pas encore. elle n'était simplement pas prête à se détacher de lui. son retour à carmel avait été plus facile qu'elle n'aurait cru. elle était profondément reconnaissante envers son frère qui avait accepté de l'accueillir chez lui et sa fiancée. elle ne sait pas comment elle aurait fait sans lui. mais elle essayait de lui donner le plus d'espace possible, d'intimité. avoir sa petite soeur chez soi en étant fiancé et à plus de 30 ans n'était pas idéal. et elle en était consciente amelia. alors elle essayait de ne pas traîner dans ses pattes comme elle le faisait toujours quand ils étaient plus jeunes. ses doigts sont enroulés autour d'un noeud, besoin maladif d'avoir les mains constamment occupés, lorsqu'elle relève la tête et qu'elle la voit. jazmin. ses sourcils se froncent l'espace d'un instant, surprise de la voir ici. depuis son retour à carmel elle ne l'avait pas vue et en y réfléchissant, elle en était même maintenant étonnée. enfants, les deux femmes ne s'étaient jamais appréciées. pourtant, elle ne relève pas l'ironie dans la voix de son interlocutrice et lui offre un léger sourire, un de ceux qui trahit qu'elle n'est pas pleinement là. parce qu'elle n'a plus la force de se battre. « bonsoir jazmin » qu'elle laisse échapper de façon volatile, mots prononcés de sa petite voix comme toujours. elle ne parlait plus beaucoup - pas autant qu'avant l'accident. son sourire s'efface face à sa question, la réalité qui la rattrape bien trop vite et son visage détendu il y a quelques secondes se ferme instantanément, voile de douleur qui s'abat sur ses yeux. elle se pince doucement les lèvres pour éviter de repenser à ces moments heureux. « je vis chez mon frère depuis mon accident en fait » ce n'est plus un secret pour personne, carmel qui parle fort et vite, gamine wilson désignée comme la bête noire de la ville. « et toi qu'est-ce que tu deviens ? » politesse enseignée par ses parents, elle ne saurait faire autrement. mais elle a simplement envie de prendre ses jambes à son cou et éviter la conversation.