lonely, i think i am. lonely, i don't want to be - jazsin

Comme un cauchemar. le réveil qui survient, toujours plus noir. La nuit qui suit, encore plus sombre. Les ténèbres qui l’enveniment, elle ne sait plus vivre. Les ténèbres qui la prennent, elle ne veut plus vivre. Il y a ces sachets, la poudre qui vient d’ailleurs. Il y a ces pilules, celles qu’il ne faut pas avaler. Il y a ces morts, ceux qu’elle envie, tandis que la seringue se plante presque dans son bras. presque. Parce que tu as peur d’aller si loin. Parce que dans ton esprit, c’est le besoin d’overdose, mais que si tu franchis le pas, tu n’auras plus aucune autre occasion de la revoir. et il y a ce téléphone, qui vibre un moment à ses côtés. Un message de l’homme, celui qui lui a fait tout ça. Un message de l’homme, un dégoût qui revient sans cesse. Un message de l’homme, et elle s’empare de l’appareil pour écrire autre chose, à une autre. Celle qui peut probablement l’aider, celle qui la connait plus que n’importe qui, tout du moins, la connaissait. Pourquoi elle ? elle n’en sait rien. une envie, un souvenir, l’impression que jamais personne ne l’a estimée autant qu’elle. elle. jaz. Son ancienne baby-sitter. Elle. jaz. Une amie, la première, la seule, potentiellement. tu ne sais après tout pas du tout si ta belle reviendra un jour vers toi, le cœur bousillé, l’âme écorchée. la seule amie qu’il lui reste, celle qui saura lui parler sans avoir peur du regard enflammé de l’empoisonnée. Celle dont elle a besoin, celle qui a probablement encore plus besoin d’elle, en cet instant précis. et pourtant, t’es égoïste, tamsin. Tu ne penses pas à elle, ni à la mort qui survient dans son cœur. tu ne penses qu’à ta mort, tu ne penses qu’à ta pomme, qu’à toi, ce corps maladif qui te ronge, et ce besoin de libérer tes larmes, pour ne pas finir seule. Dans le noir. La faux contre ta gorge.
Et il ne suffit pas de longtemps, quelques minutes qui s’écoulent pour avoir le droit de passer chez elle, les yeux noyés de larmes, quand enfin elle sonne, quand enfin elle la voit, son visage, son amie. Et il n’en faut que peu pour que le corps de la blonde se jette contre celui de jaz, le besoin de la serrer, le besoin de pleurer, le besoin d’oublier. parce que tu n’es plus vierge, tamsin. C’est ce que tu veux lui dire. Mais tu veux aussi lui annoncer que ce n’est pas une femme qui te la prise, ton innocence. Mais un homme. et jaz sait. Elle sait que son ancienne petite protégée n’a toujours aimé que les femmes. Elle sait que le cœur de tamsin est pour la gent féminine, que le corps de tamsin est pour les lèvres de ces femelles, et que jamais un homme n’aurait ce droit de s’approprier ce corps. son corps. elle sait. Elle sait tout. mais tu as peur de le lui dire. « jaz ! je… il s’est passé un truc… » qu’elle murmure, entre deux sanglots, cachée dans ses bras. qu’elle murmure, pleurs la détruisant, tandis que l’étreinte ne sait s’arrêter, que le cœur ne sait que pleurer, que le besoin est au réconfort, que le regard est perdu, noyé de ces larmes, de ces eaux qui ne sauraient que nuire un peu plus à son image, à son âme.
Il n’y en a peut-être plus, d’âme. que des morceaux, qui trainent, ici et là. avec les fêlures de son cœur.

Le nez encore plongé dans ton herbier, les plantes séchées qui s'étalent devant tes yeux. La langue coincée entre les dents pour te concentrer sur un geste particulièrement minutieux. Pour l'instant tu ne penses à rien d'autre qu'à ton travail, tu tournes lentement les pages pour te souvenir des différentes propriétés des plantes. Tu n'as pas ton parfait matériel de scientifique avec toi alors tu ne fais que mettre des annotations dans ton carnet pour ne rien oublier. Encore en collaboration avec un laboratoire pharmaceutique, depuis des mois vous cherchez une nouvelle recette naturelle contre l'anxiété. T'es tellement concentrée sur ta tâche que tu manques presque l'écran de ton téléphone qui s'allume. Froncement de sourcils en voyant le prénom qui s'affiche ; la douce tamsin qui souhaite passer chez toi.
Le sourire qui caresse tes lèvres.Parce que la perspective de voir ton amie te rend heureuse. Tu la connais quasiment par cœur cette fille, te souviens en tout cas très bien des soirées passées à la garder. T'as jamais trop aimé les enfants mais avec elle tout était différent. Mais quand tu ouvres la porte sur sa silhouette tout est différent ; son mal-être te frappe en plein fouet, elle fonce se réfugier dans tes bras. Et tu resserres ton emprise autour de son corps secoué de sanglots. " Rentre, rentre. Ne reste pas sur le pas de la porte. " ton bras se glisse autour de son épaule. " Pour commencer assis toi sur le canapé. Je vais te préparer un thé. " parce que c'est le remède à tous les maux ou presque. T'as aucune idée du pourquoi elle est dans cet état mais t'aimes pas du tout ça. Ton regard se pose sur la silhouette de ton chien, tout penaud. " ganon ! go keep our friend company. good dog. " du coin de l’œil tu vois la silhouette massive de ton chien se projeter sur le canapé pour obéir à tes ordres.  
Tu reviens quelques secondes plus tard, les tasses s'entrechoquent entre tes mains et tu finis par déverser le thé bouillant. Enfin tu plonges ton regard dans celui de ton amie. " Qu'est-ce qui se passe ? "