· être amies ennemies au fil de la mélodie.

Une dernière fois, ses pupilles s’attardent sur l’écran froid. Pas de nouvelle notification. Elle coupe la sonnerie de son téléphone, il attendra qu’elle ait terminé son service. Elle est en retard. Ça ne lui arrive jamais, d’habitude. Mais d’habitude, elle n’est pas accrochée à son écran, à ses messages. Ses colocataires sont déjà dehors, elle est d’habitude la première à partir. Elles l’ont fixé, d’un air moqueur, alors qu’elle tentait pour la cinquième fois de dévorer ses céréales par le menton. Une adolescente. Vita se rend au restaurant à pied, comme à l’accoutumée. Elle est pressée, elle marche vite. Elle rive son regard sur l’ébène de l’appareil toutes les deux minutes. Elle répond, un large sourire aux lèvres, aux messages de Clare, sans perdre une seule seconde. Elle ne lui en veut pas. Elle n’en veut pas non plus à Daphnis. La situation est trop étrange. Et puis, elle l’a enfin retrouvé. C’est beaucoup trop pour elle. Pour celle qui faisait de la moindre étincelle un immense incendie. Il a très certainement fort à faire avec Daisy. Vita ne regarde pas où elle met les pieds, perdue dans ses pensées. Elle a le cœur léger. Si elle avait le moindre attrait pour la musique, elle se mettrait à chantonner. Mais l’italienne n’en écoute plus depuis sa chute. Trop de souvenirs. Tout se déroulait, sur les airs les plus beaux d’opéras et de comédies musicales. Elle évoluait, sur des rythmes contrastés. Sa vie est devenue fade. Même le retour de Clare dans celle-ci ne pourrait changer cela. Elle est à quelques mètres du restaurant, quand son corps heurte un corps d’environ la même taille. Son téléphone tombe, elle ne met pas plus de quelques secondes à l’attraper. Elle se redresse, murmure. — I am so so… C’est elle. — Oh, Daisy.