burger time - thea & alex.

la gamine avait passé la quasi totalité de la journée dans le jardin, à l'abri des rayons de soleil qui commençaient à devenir agressifs pour sa peau de porcelaine. texte répété, encore et encore pendant des heures, à marcher, tourner en rond pour mieux s'en imprégner. repas du midi partagé avec alex, festin qu'elles avaient préparé ensemble en fin de matinée, la môme avait vite réquisitionné son amie pour l'aider à apprendre ses lignes. elle avait passé un peu de temps sur la bouée gonflable dans la piscine à se faire bronzer quand le soleil était plus clément, texte en main, fraises en bouche. elle profitait pleinement du temps californien depuis qu'elle était arrivée, partagée entre ses scripts qu'elle apprenait sans relâche et les quelques photoshoot qu'elle faisait, la plupart du temps à monterey. en fin de journée, l'enfant s'en est allée, balade dans le quartier avec guizmo comme chaque jour alors que le soleil descend son interminable descente dans le ciel. téléphone qui vibre dans sa poche, rire qu'elle ne retient pas face au message d'eliott. alors elle rentre un peu plus tôt que prévu, soirée en perspective qui mérite que la gamine soit embaumée des effluves de pêche qui lui sont devenues caractéristiques. alors quand elle rentre, elle saute dans la douche attenante à sa chambre, véritables cocons qu'elle chérit plus que tout, prête à mordre le premier qui vient s'immiscer dans son intimité. elle finit de s'attacher les cheveux lorsqu'elle entend la voix du seul résident masculin de la maison résonner à l'étage inférieur. elle descend rapidement, robe fleurie qui claque dans le vent alors qu'elle s'échappe de l'étage, dévalant les escaliers qui la mènent au rez-de-chaussée. comme à son habitude, elle se jette dans les bras du garçon, surprise qui n'en est plus vraiment une alors qu'elle fait ça la plupart du temps qu'il rentre après elle. « c'est à cette heure là que tu rentres ? » qu'elle dit, la mine rieuse, son poing qui vient difficilement frotter le haut du crâne de son ami. « va te laver, t'as raison. tu pues le gosse qui a la couche pleine » langue tendue à l'intention du brun, elle rigole doucement avant de se sortir une bière du frigo, deux de plus pour ses colocataires. la gamine patiente aux côtés d'alex le temps que le dernier membre du trio soit fin prêt. « tu sais me prendre par les sentiments hopkins » dit-elle un sourire sur les lèvres, heureuse de pouvoir passer une soirée avec ses deux compagnons. et surtout qu'eliott fasse à manger. « bronzette, texte et promenade. on a vu pire, et toi ? »

— burgers with the roomates

J’avais passé une bonne journée. Une longue journée. Toute la matinée, j’avais géré l’administration du studio, payé les factures, j’avançais sur mon projet de vêtements aux couleurs de l’école de danse. C’était plutôt sympa d’avoir London pour gérer l’accueil et répondre au téléphone pendant que je m’enfermais dans mon bureau. Puis j’étais rentrée manger avec Thea. J’étais restée pour l’aider à apprendre son texte puis j’étais retournée au studio. L’après-midi, j’avais donné un cours de contemporain et un autre de hip-hop à des ados, puis j’avais laissé la salle à Neva. J’étais passé chez Eugene avant de rentrer. Je voulais voir mon frère et ses enfants. Cela avait le don de me rassurer. J’avais parfois du mal à faire la paix avec mon choix de quitter Washington. Certaines choses me manquaient, comme mes parents, mon restaurant préféré, ou encore les soirées au Lincoln Memorial. Mais tout était tâché par aujourd’hui. Chaque souvenir heureux avait une saveur étrange et acre dans ma bouche. Le sms d’Eliott me mettait le sourire aux lèvres. Ces repas tous les trois me rappelaient la maison et les repas avec mes parents. J’étais vraiment bien tombée dans cette colocation. Mes deux colocataires étaient sympas et on était tous sur la même longueur d’onde. Lorsque j’arrivais à la maison, j’entendais l’eau couler dans la salle de bain, Thea était dans la douche. Je déposais mon sac dans ma chambre puis redescendais et me servait un verre d’eau. Je mettais mes écouteurs pour regarder des vidéos de danse sur Youtube et n’entendais pas Eliott rentrer à son tour. Du coin de l’œil, je vis Thea lui sauter dans les bras, puis il venait m’embrasser sur la joue que je lui tendais, toujours concentrée sur ma vidéo. Lorsqu’il revenait à nous, après sa douche, il proposait des burgers, et j’acquiesçais. J’écoutais Thea raconter sa journée brièvement puis je prenais la parole : « Paperasse et danse ! » dis-je en riant. « Mais j’avance sur la collection d’équipement pour les élèves ! Je pense avoir trouvé une bonne entreprise pour le flocage des sweet-shirts. Et ils peuvent me faire un bon prix si je fais tous mes équipements avec eux. On va avoir la classe aux compétitions l’années prochaine. » Continuais-je fièrement. « T’as des nouvelles de la greffe pour le petit que tu suis ? » demandai-je à Eliott. Il nous en avait parlé quelques jours auparavant. Ce petit n’avait pas la vie facile semblait-il.