you are not insignificant (erinn)

Le beau jeune homme marchait en tenant les mains d’une jolie fille qui s’appelait Melody. Il l’avait rencontré sur Tinder deux ou trois semaines auparavant et ils en étaient à leurs troisième rendez-vous. Le courant passait bien, mais Jeremi savait qu’il allait rompre à la fin de cette soirée. Melody était géniale. Elle était drôle. Elle était intelligente, mais il ne pouvait pas faire semblant de ne pas écouter ce que sa tête lui hurlait depuis encore plus longtemps. Son cœur était enfermé à double tour depuis si longtemps que lorsqu’une demoiselle avait trouver le chemin pour venir chatouiller son petit cœur, il avait été un gros taré. Jeremi pouvait dire exactement le moment où il avait su qu’Erinn créait quelque chose en lui. Lorsqu’il l’avait vu faire seulement quelques pas de danses, les rayons de la lune qui se reflettait sur tout son corps, ça avait éveillé quelque chose d’éteint chez lui. Jeremi n’avait peut-être pas envie de pousser plus loin, il n’en était pas question, il avait encore Fiona qui se fondait dans sa peau. Il n’était pas prêt, il ne le serait peut-être jamais, mais pour l’heure, il sentait aussi qu’il n’avait pas envie d’être en compagnie de filles, aussi extraordinaire puissent-elles êtres, comme c’était le cas pour mademoiselle Melody. La demoiselle pressa son corps sur le sien pendant qu’ils marchaient. « Jeremi. » Il se baisse les yeux vers elle, alors qu’elle s’arrête de marcher et se tourne vers elle. Melody le regarde, tout souriant et bordel, il sent que ça va venir. « Je suis entrain de tomber amoureuse de toi. » Il aurait préféré, et de loin, qu’elle n’ouvre pas la bouche. Jeremi la regarde intensément, il ne sait pas quoi répondre et finalement, son silence devient sa réponse. Melody baisse les yeux au sol, lâche doucement sa main. « Oh, on dirait bien que ce n’est pas… » En parfait gentlemen, il pose une main sur son épaule et la tire vers lui pour refermer ses bras autour d’elle. Elle est plus petite qu’Erinn… « Je ne suis pas comme ça, Melo, désolé. » Elle se contente d’un petit haussement d’épaule et sans larmes, sans cris, elle tourne le dos, pas d’aurevoir formel. Melody est beaucoup trop fière de toute façon. Jeremiah soupire en la regardant partir. Il aimerait pouvoir dire que lui aussi, il tombe amoureux d’elle, mais ça serait faux. Ça serait faux parce qu’à chaque instant qu’il était avec elle, ou même seul, son esprit pensait à deux autres femmes. Jeremiah reste planter comme ça en silence, ne sachant pas exactement ce qu’il devait faire. Il choisit d’aller diner quand même, après tout, la réservation était faite et il devait bien se nourrir. Il commençait aussi à se faire tard. Jeremi coupe à travers une ruelle peut passante, voir même effrayante lorsqu’il fait nuit comme maintenant. Même à Carmel-by-the-Sea les ruelles sombrent peuvent faire peur. Il marche, les mains dans les poches, lorsqu’il distingue des hurlements étouffés. Il fronce légèrement les sourcils, se disant que peut-être que c’était dans son esprit. Il continue d’entendre, cette fois il entend même les voix d’hommes. Curieux, il décide de suivre et c’est en s’enfonçant plus profondément qu’il distingue une silhouette qu’il connait, à moitié dénudé. Elle est couchée au sol et tu peux voir qu’elle est couverte d’égratignures, un homme commence à enlever son pantalon, tu vois la peur dans les yeux d’Erinn et c’est alors que tu fonces et que le coup de poings part seul pour s’écrasé contre la gueule de l’homme qui la tient au sol. Son cœur palpite, comment est-ce possible de voir ça, ici ? « J’vais vous tuer ! » Jeremiah hurle ses mots alors qu’il continue de frapper de toutes ses forces le visage de l’homme pendant que l’autre s’échappe comme un lâche en remontant sa fermeture éclair. Il lâche l’agresseur et le pousse, il tombe comme une poupée de chiffon avant de déguerpir à son tour Jeremi se tourne vers une Erinn, toujours au sol, les vêtements en lambeaux, son pantalon semble complètement déchiré. Instinctivement il se penche vers elle, l’aide à se relevé délicatement et rapidement lui prête son veston. « Oh Erinn… » Il l’entoure de ses bras, pour la protégée.

Journée de travail un peu longue, mais malgré la tombée de la nuit, Erinn ressent le besoin de marcher, laisse ses pas la guider dans son quartier, sans vraiment regarder où elle va, trop perdue dans ses pensées. Ces derniers temps, elle a du mal à mettre de l’ordre dans son cerveau. Entre son cousin qui lui a caché le fait qu’il était marié – depuis plus d’un an – sa soirée passée avec Richard, dont elle ne sait pas encore quoi faire, mais surtout Middleton et sa mémoire de poisson rouge. Evidemment qu’il ne se souvenait pas de l’avoir embrassé, qu’il avait oublié qu’il l’avait prise pour Fiona. Elle avait eu des bribes d’histoires depuis, et elle ne savait plus quoi penser. Elle aurait presque pu craquer pour lui et son côté attentionné lorsqu’il l’avait ramené chez elle après qu’elle ait trop bu, cette facette qu’il lui avait cachée jusqu’à présent, dont elle n’aurait jamais été capable de soupçonner l’existence. Si on lui avait dit qu’il serait prêt à la porter sur son dos jusque chez elle, elle se serait sûrement bien marrée avant de dire que non, impossible, ça n’arriverait jamais. Et pourtant. Il l’avait fait, les trois étages à pied avec un poids mort sur le dos, tout ça pour qu’elle ne rentre pas toute seule. Mais elle n’arrive pas à savoir si c’est pour elle, Erinn, ou simplement parce qu’elle ressemblait à son ex, son grand amour de ce qu’elle en avait retenu. Enfin, depuis qu’il était parti de chez elle au matin en claquant la porte, et en insistant bien sur le fait qu’elle n’était personne, complètement insignifiante dans sa vie, elle ne lui avait plus reparlé, se débrouillait pour que quelqu’un d’autre s’occupe de lui lorsqu’il se pointait au bar, et le fuyait comme la peste. Ca l’avait atteint beaucoup plus que ce qu’elle n’aurait pensé, pourtant c’était ce qu’elle avait cherché, en venant ici, d’être invisible, ne pas se faire remarquer. Alors pourquoi venant de lui, ça l’avait blessée ? Toute perdue à ses réflexions alors qu’elle emprunte un raccourci pour rentrer chez elle, elle ne remarque pas le type qui la suit, ni celui qui bloque l’autre bout de la ruelle, jusqu’à ce qu’il se retrouve devant elle à l’empêcher de passer. « Y a moyen de passer ? » Elle est d’abord agacée, avant de comprendre ce qui se passe quand des mains venant de derrière elle se refermer sur ses bras. La peur qui la gagne, qu’elle préfère transformer en colère alors qu’elle se débat, lance des coups de pieds à celui qui se trouve en face. Hors de question qu’elle se laisse faire en silence. « Lâche moi, connard ! » Elle ne voit pas venir le poing qui vient s’écraser sur son visage, ni celui qui vient lui couper le souffle en s’abattant sur ses côtes. « Tu vas la fermer, pétasse ? » Elle se retrouve au sol sans que son cerveau ait le temps d’enregistrer ce qu’il se passe, comme si elle était détachée de son corps alors qu’on étouffe ses cris et qu’on lui arrache ses vêtements. Et elle est persuadée qu’elle va y passer, que c’est foutu, quand il se précipite pour frapper celui qui la maintient immobile. Elle se tasse contre le mur, ramène ses jambes contre elle alors qu’elle essaie de reprendre contact avec la réalité, le regard perdu dans le vide, comme si tout ça n’était qu’un rêve alors qu’il continue de frapper, que les types finissent par déguerpir la queue entre les jambes. Jeremiah s’approche d’elle, l’aide à se relever avec une douceur qu’elle ne lui soupçonnait pas, mais dont elle a bien besoin alors qu’elle ressert les pans de la veste qu’il vient de poser sur ses épaules. Elle pose sa tête sur son torse alors qu’il referme ses bras autour d’elle, et tous les doutes qui ont pu la traverser depuis l’autre soirée s’envole. Encore sous le choc, elle a l’impression d’être en décalage, se dit qu’elle devrait être en pleur, pourtant ses yeux son secs. Ca viendra peut-être plus tard. Pour l’instant tout ce qu’elle veut, c’est retrouver son lit. Elle lève les yeux vers lui, le regard suppliant. « Tu peux me ramener chez moi ? S’il te plait ? » Il accepte et ils font le trajet jusqu’à son studio en silence, alors qu’elle se dit qu’elle est une bombe à retardement, sans savoir quand elle explosera. Elle ouvre la porte de chez elle, se tourne vers lui, hésitante. « Tu… Tu peux… Tu veux bien rester ? Un peu ?... » Après ce qu’il vient de se passer, elle n’a pas envie de rester toute seule, et puisqu’il est là…